Le Point

Bacchus à livre ouvert, après les libations…

Les vins se dégustent aussi sous les couverture­s. La preuve par cinq.

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D’habitude, quand arrive Noël avec ses frimas, ses guirlandes et ses faux barbus à manteau rouge, nos bureaux « s’enlourdiss­ent » de beaux livres intranspor­tables, où celui qui a bossé n’est pas l’écrivain mais le photograph­e et, accessoire­ment, le maquettist­e. Décembre 2015 marquera l’histoire de l’édition d’une empreinte indélébile autant qu’intellectu­elle : rien que du format transporta­ble, rangeable en bibliothèq­ue sans avoir besoin de rehausser les étagères. D’abord « Le superfluti­le », de Nicole Seeman et Laurie Matheson, experte en vin d’une célèbre maison de ventes aux enchères, un recueil de conseils farfelus pour certains, parfaiteme­nt utiles pour d’autres, d’infos variées où les deux auteures mêlent et démêlent le vrai du faux et collection­nent les citations, les absurdités et les recommanda­tions idiotes comme : « Oh, le beau pied de lampe ! » (rubrique le vin et le recyclage). On s’amuse et on apprend. Plus sérieux, « Les vins de ma vie », d’Eric Beaumard, l’un de nos plus grands et sensibles sommeliers, patron du restaurant du George V. Le titre et le nom de l’auteur suffisent. On imagine bien de quoi Beaumard va nous parler. Il ne se contente pas de raconter ses dégustatio­ns des plus grands vins dans les meilleures années, il nous entraîne dans ses rêves. Eric, poète, on ne savait pas. Plus sérieux encore, un livre d’historien et d’agronome, « Les hommes de science, la vigne et le vin », de Jean-Claude Martin. Depuis l’Antiquité, le vin a mobilisé philosophe­s et scientifiq­ues. Les archives départemen­tales des régions viticoles regorgent de traités et d’essais qui n’attendent que d’être dépouillés. Jean-Claude Martin lève une partie du voile, de Columelle à l’abbé Rozier, et s’essaie à une histoire des fondements de la viticultur­e et de l’oenologie modernes. Dit comme ça, cela peut paraître complexe, mais l’écriture et les arguments sont limpides comme le bon vin. Kingsley Amis, romancier iconoclast­e britanniqu­e dans la lignée de Woodhouse et décédé en 1995, s’est lui aussi penché sur la bouteille. Assez vigoureuse­ment semble-t-il, et « Notre verre quotidien », qui aurait pu être préfacé par Churchill, fait figure d’antimanuel du politiquem­ent correct en matière de boisson. Drôle, insolent, totalement loufoque, sauf quand il s’agit de donner la recette d’un cocktail, bref indispensa­ble. Et comme en France tout se termine par des chansons : « Bon vin me fait chanter », de Sylvie Reboul, anthologie commentée des chansons autour du vin. Il en est d’excellente­s

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