Le Petit Journal - L'hebdo local de l'Aveyron
Rayonnement grandissant d’un haut lieu de la Résistance aveyronnaise
Pour la commémoration de la Victoire du 8 mai 1945, de nombreuses personnes civiles et militaires ont convergé vers le monument aux morts de Sainte-Radegonde, haut lieu emblématique de la Résistance aveyronnaise. Reportage.
Au-delà de la traditionnelle cérémonie célébrant
le 79e anniversaire de la Libération, il y a, en ce vaste espace mémoriel, quelque chose de profondément ancré dans la mémoire collective, un traumatisme sous-jacent qui hante véritablement tous ceux et celles qui travaillent sur le devoir de mémoire. Comment ne pas se souvenir, en effet, d’un certain 17 août
1944 où, ici même, devant la butte de tir, trente personnes ont été fusillées par l’occupant nazi alors en déroute?
Devant le mémorial, la Croix du combattant a été remise à Franck Moisan et François Belmonte, tandis que des extraits du discours du Général de Gaulle ont été lus par des collégiens de Saint-Viateur Canaguet, ainsi que le poème Gabriel Péri de Paul Éluard par des collégiens des Quatre-Saisons, en témoignage ex
pressif d’une forte volonté de transmission en milieu scolaire.
Les officiels et le public se sont ensuite dirigés vers la tranchée des fusillés. Tous ont pu découvrir les trente stèles symboliques réalisées par les élèves de l’école Charles-Cayla de SainteRadegonde, à la mémoire des trente résistants, otages et maquisards victimes d’un massacre d’une rare brutalité.
C’est là, devant ce lieu de sinistre mémoire, que Sophie Amans-Gisclard, professeure d’histoire au collège des Quatre-Saisons, membre du comité départemental du mémorial, a évoqué le cycle mémoriel de cinq temps forts qui, après avoir précisément débuté en ce jour du 8 mai 2024, s’achèvera au mois d’octobre prochain. En présence des autorités, le premier volet de ce cycle a permis de dévoiler le travail «réaliséavecbeaucoupde conscienceetd’enthou
siasme» par les élèves de Pascale Bauguil et Romain Fayel.
Plus loin, la présidente départementale du Concours national de la Résistance et de la Déportation, soulignera avec force : « En cette année de panthéonisation de Missak Manouchian, il nous a semblé important de rappeler que, parmi les trente fusillés de Sainte-Radegonde, cinq étaient de nationalité étrangère. Comme on le dit à la Légion étrangère, ces étrangers, ce jourlà, sont devenus fils de France. Non par le sang reçu, mais par le sang versé.»
Et de citer Esteban Bravo, 24 ans, de nationalité espagnole, mineur à Decazeville, arrêté le 21 juillet 1944 ; Garabed Derderian, 34 ans, de nationalité arménienne ; Zénon Romanoski, 39 ans, de nationalité polonaise, mineur à Decazeville ; Georges Romaniuk, 32
ans, de nationalité polonaise, ouvrier agricole, arrêté le 15 août 1944 alors qu’il servait d’agent de liaison ; et enfin, Henri Weingardt, 22 ans, de nationalité allemande, manoeuvre à Decazeville.
Tous ont rejoint les élèves et leurs enseignants devant la tranchée où un dépôt de gerbe a été effectué par Nicole Laromiguière, représentant les familles de fusillés, et Laurence PagèsTouzé, présidente du comité du mémorial. Cette dernière, en tant que maire de Sainte-Radegonde, a d’ailleurs acté un projet communal concernant la restauration du mémorial départemental fondé en 1946 et classé monument historique, dont la première phase de travaux portant sur la sculpture des gisants sera finalisée le 17 août 2024, sachant que la fin des travaux du monument est prévue pour 2026.
La deuxième partie du cycle mémoriel aura lieu dans le chef-lieu, lundi 27 mai, à partir de 13 h 30, à l’amphithéâtre de l’université Champollion, pour la Journée nationale de la Résistance ; une journée attendue au cours de laquelle seront remis les prix du concours national de la Résistance et de la Déportation, après que les lauréats se seront rendus dans la matinée au site mémoriel de Sainte-Radegonde.