Le Petit Journal - L'hebdo du Lot-et-Garonne
Lire et écrire
Ce qui semble naturel et évident pour la plupart d'entre nous est un cauchemar vécu au quotidien pour 2,5 millions de Français qui ont des difficultés à lire et à écrire, bien qu'il aient fréquenté l'école obligatoire jusqu'à 16 ans. L'illettrisme. A ne pas confondre l'analphabétisme qui concerne les personnes qui ne sont jamais allés à l'école et ne savent ni lire, ni écrire.
L'illettrisme n'arrive pas par hasard. Les causes sont multiples : troubles ou dysfonctionnement congénitaux ou traumatiques qui affectent l'intelligence, la perception, l'attention, la mémoire immédiate ; environnement familial pauvre affectivement et peu évolué culturellement. Difficultés sociales. Organisation du système scolaire et de la société qui tendent à exclure les élèves en échec.
Pourtant rien n'est jamais perdu : les professionnels constatent qu'au fur et à mesure de l'avancée d'un stage contre l'illettrisme, la santé physique des participants s'améliore, de même que leur apparence.
On imagine mal l'enfer que vivent ces personnes, incapables de se repérer dans le temps et l'espace, de faire leurs courses, de lire une notice pour prendre un médicament, utiliser un appareil quel qu'il soit, de lire une consigne de travail ou de sécurité, de retirer de l'argent à un distributeur de billets, de lire un horaire ou un plan, d' aider leurs enfants scolarisés, etc. Et les stratégies hallucinantes mises en place pour cacher leur handicap dont ils ont honte. Faire face aux situations de la vie quotidienne sans avoir recours à l'écrit exige beaucoup de courage et de volonté, et la mise en place d'habiles stratégies de contournement.
La lutte contre l'illettrisme est une cause nationale. Il s'agit, tout au long du parcours scolaire, de prévenir l'échec scolaire et l'illettrisme afin d'assurer l'irréversibilité des acquis de base, de repérer les facteurs de risque et les difficultés dès la maternelle, d'apporter un soutien aux enfants et aux familles, de proposer des formations à la lecture, à l'écriture et au calcul pour ceux qui ont décroché du système scolaire, pour permettre leur insertion professionnelle. Ainsi qu'à des personnes déjà salariées ou demandeuses d'emploi qui sont confrontées à ce problème.
Même si une action collective nationale doit être menée par l'État, c'est en matière de formation des élèves dans le système scolaire par l'Éducation nationale qu'il faut progresser.
La revalorisation des personnes illettrées est également indispensable. Leur sentiment d'exclusion est très marqué et trop peu pris en compte.
860 millions d'hommes et de femmes sont, dans le monde, confrontés à l'incapacité de lire et d'écrire, privés des plus simples compétences de base. Les pays industrialisés, où la scolarité est obligatoire, ne sont pas épargnés.
Des solutions simples et efficaces existent. Pour en savoir plus, si vous êtes concernés ou pour venir en aide à un proche, consultez www.anlci.gouv.fr ou « Apprendre à lire pour les nuls », Editions First