Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Cocktail violent à base de pauvreté, d'alcool et de drogue
“J’ai déjà pensé à me foutre en l’air”
Bis répétita pour cette seconde affaire dans le sens où elle relève de la procédure de comparution immédiate, qu’elle concerne des faits de violence sur conjoint et dégradation de biens appartenant à autrui, que le prévenu est incarcéré et que comme précédemment les débats sur le fond n’auront pas lieu et seule la question de la détention provisoire sera discutée. Jérôme approche la quarantaine, mais on sent bien à le voir que certaines années ont compté double. Frêle d’aspect, il semble un peu perdu dans la salle d’audience pour une fois quasiment vide. Au chômage depuis juillet 2017, il vit en concubinage, est père d’un enfant de 11 ans et avoue consommer quotidiennement de l’alcool et du cannabis. Il est l’archétype de la sinistre trilogie désocialisation-addictions-violences, un cocktail qui l’a amené à de nombreuses reprises à se présenter devant les tribunaux, son casier faisant état d’une quinzaine de condamnations de toutes sortes : violences, port d’arme, conduite sans permis, infractions à la législation sur les stupéfiants,…etc. Dépressif chronique, étant sous le coup d’une obligation de soins prononcée lors d’une précédente condamnation, il fait l’objet d’un suivi psychiatrique, qui selon le service pénitentiaire d’insertion et de probation, a des difficultés à être mis en oeuvre. Le président donne la parole à Jérôme “J’ai fait un gros travail.
La banque m’a pris 104 euros de frais sur mon RSA, je n’y arrive plus, je suis une charge. J’ai déjà pensé à me foutre en l’air”. Sa compagne témoigne ”Il a fait plusieurs fois de la prison, ça n’a servi à rien ! Ce dont il a besoin, c’est d’un suivi psychiatrique”. Pour la procureure, le maintien en détention reste la règle sauf raison particulière, et de raison particulière, il n’y en a pas. Soulignant le casier chargé du prévenu avec 7 condamnations pour violence, elle terminait ”Quand j’entends le prévenu, je ne suis pas rassuré”. Pour l’avocat de la défense, le parquet a été un peu vite en besogne en classant comme violences une simple gifle et un coup de tête dans un pare-brise, des faits qui ne sont pas graves selon lui. La meilleure preuve de la non-gravité étant que la victime, sa compagne, n’a pas eu D’ITT et ne s’est pas constituée partie civile. De plus, il rappelle que la dernière condamnation pour violence remonte à 2014 et il demandait donc la remise en liberté assortie d’un contrôle judiciaire. Il n’était pas entendu par la cour qui ordonnait le maintien en détention et le report des débats sur le fond au 11 mai.