Le point fort. Au travail

Par une pathétique coïncidence, l’adoption en Conseil des ministres de la loi El Khomri tronquée aura eu lieu le jour même de la publication de chiffres catastrophiques sur le chômage. La France continue à s’enfoncer dans le sous-emploi et persiste à rejeter les solutions les plus communément admises partout ailleurs pour relancer la création d’emploi. Certes, la loi El Khomri dans sa version initiale n’aurait pas eu l’effet d’une baguette magique mais ce qu’est devenu ce texte, après les reculades du gouvernement, constitue une double défaite: celle de la réforme, qui devrait être une urgence et qui une fois encore se transforme en un mirage inaccessible, et celle de l’image que se fait l’opinion publique du travail, qui devrait être une chance et qui est trop souvent présenté comme une pénible contrainte.

Une victoire en forme de défaite pour l’emploi pour des opposants dont les manifestations, disqualifiées par de regrettables incidents à leurs lisières, semblent aujourd’hui s’effilocher et s’épuiser dans leur répétition. Pour des parlementaires, saisis sous peu de ce projet ficelé en hâte pour être aussitôt détricoté puis recousu à l’envers. Pour des partenaires sociaux enfin, dont le front sinue au gré des accords sinon des avancées.

Après l’épreuve de la rue le dernier jour du mois, viendra début avril le début de l’examen en commission à l’assemblée, avec la droite qui cherchera en vain à revenir au texte initial, et l’aile gauche du PS qui a publié hier son contre-projet. Pour les frondeurs socialistes, la loi El Khomri, même modifiée, reste +une loi d’inspiration libérale+. Ces députés seront d’ailleurs pour certains dans la rue le 31 mars. Ne pouvant plus compter sur la droite pour compenser les défections dans son camp et faire passer sa réforme, Manuel Valls ressortira- t-il le 49-3? Cela n’avait pas réussi à Dominique de Villepin et son CPE mort-né!