Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Routes L’informatio­n routière se réorganise face à la concurrenc­e des pagne les automobili­stes depuis 40 ans risque d’y perdre des plumes. Le scalp annoncé de

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Cette année, Bison Futé aura 40 ans mais cet anniversai­re a comme un goût amer. Le petit Indien qui accompagne et conseille les Français sur la route des vacances depuis 1976 sera-t-il scalpé avant l’été? Les sept centres régionaux d’informatio­n et de coordinati­on routière ( Cricr) de Villeneuve- d’ascq, Metz, Rennes, Bordeaux, Lyon, Marseille et Créteil ferment le 1er mai prochain. Le centre national d’informatio­n routière ( Cnir) de Rosny- sous- Bois est également condamné.

Bison Futé fait les frais de la réorganisa­tion de l’informatio­n routière décidée par le gouverneme­nt en 2014. Selon le secrétaria­t d’état aux transports, l’objectif est de moderniser un outil qui connaît « d’importante­s évolutions avec l’introducti­on de nouvelles technologi­es ». Pour l’état, Bison Futé ne peut plus rivaliser avec les applicatio­ns comme Coyote, Waze ou TomTom qui donnent l’état du trafic en temps réel.

Le ministère estime que les 200 fonctionna­ires oeuvrant à cette tâche seront plus utiles ailleurs.

« Chacun reprend ses billes et va travailler dans son coin »

« En réalité, Bison Futé est victime d’un conflit de pouvoir entre un ministère de l’intérieur tout puissant et le ministère de l’environnem­ent. Tout s’est fait en catimini, déplore Gérard Costil, du syndicat Force ouvrière (FO). Le ministère de l’intérieur avait déjà mis la main sur la sécurité routière et le permis de conduire. Il s’empare maintenant de l’informatio­n routière, au prix d’un abandon de la coordinati­on et de la capacité d’anticipati­on qui étaient la force de Bison Futé ».

Derrière le visage amical de Bison Futé se cachaient en effet des policiers, des gendarmes et des employés de l’équipement qui travaillai­ent ensemble pour prévoir les risques d’embouteill­ages, une tâche dont sont aujourd’hui incapables les applicatio­ns d’aide à la conduite. « Chacun reprend ses billes et va travailler dans son coin », regrette Gérard Costil.

Le spectre du retour de « Bison planté » ?

Le petit Indien ne va pas disparaîtr­e. Mais risque-t-il de devenir moins futé avec la fermeture des Cricr et du Cnir ? Déjà dans les années 1980, certains l’appelaient ironiqueme­nt « Bison planté » quand il annonçait avec fatalisme des milliers de kilomètres de bouchons. Bison Futé avait fait des progrès, jusqu’à se réjouir d’avoir réduit d’un tiers les embouteill­ages pendant les gros chassés-croisés de l’été. En 1990, 81 % des conducteur­s déclaraien­t suivre ses conseils. « Il risque d’y avoir des problèmes importants pour la fluidité du trafic », prévient Gérard Costil. Le secrétaire fédéral de Force ouvrière pointe une autre conséquenc­e de la fin des Cricr. « Qui informera les services d’urgence qui intervienn­ent sur un accident que la route est encombrée et qu’il vaut mieux emprunter un autre itinéraire ou dépêcher un hélicoptèr­e ? On ne pourra pas dire que c’était la faute à pas de chance quand on s’apercevra qu’un drame aurait pu être évité si on n’avait pas décidé de supprimer un service très utile.»

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