Le Petit Bleu

Un incendiair­e de la Fontaine des Eaux condamné

Il faisait partie du trio qui avait provoqué une série d’incendies dans le quartier de la Fontaine des eaux l’hiver dernier. Il a été condamné à 24 mois de prison avec sursis.

- Pierre-Yves GAUDART

Entre octobre 2015 et avril 2016, une quinzaine d’incendies ou tentatives ont été commis sur des voitures et diverses installati­ons. Les auteurs des faits ont été interpellé­s par les gendarmes, en septembre dernier. Ils avaient pu être identifiés grâce à des relevés d’ADN pratiqués sur des mégots et même un crachat. En cause, deux mineurs - un garçon et une fille - et un jeune majeur. C’est ce dernier, âgé de 21 ans, qui comparaiss­ait devant le tribunal de Saint-Malo, jeudi. Il était poursuivi pour six des méfaits. Le plus spectacula­ire, qui a détruit plusieurs voitures près de la rue de Saint-Malo, en avril, ne lui est pas imputable.

Feu de tout bois

Il lui est en revanche reproché d’avoir participé, avec le couple de mineurs, à l’incendie d’un cabanon de jardin, de l’allée des Roses ; d’une Mercédès Class C et d’une Renault Twingo dans le secteur de la Ville-Goudelin. A son actif, également, des dégradatio­ns, au centre d’accueil pour enfants Les Ecureuils et une tentative d’incendie dans un local du centre aéré des Réhories. Cartons, mouchoirs, briquets, quille emplie de mousse de casque de vélo : tout était bon pour tenter de déclencher les feux.

25 à 30 joints par jour

Le jeune garçon, piercing à l’arcade et petite barbe fine prétend ne se souvenir que de « flashs ». Il reconnaît certains faits, pas d’autres, soulignant, comme l’a confirmé l’expert-psychiatre que le mineur de la bande avait une fascinatio­n pour le feu et des tendances pyromanes. Pas lui. Il charge donc son cadet de trois ans à plusieurs reprises. Ce qui étonne le juge : « Le mineur reconnaît sans difficulté certains des incendies, pourquoi pas tous, dans ce cas ? » lui demande Guillaume Bailhache. « Je le connais bien, il veut se protéger », se défend le prévenu auquel la procureure reproche d’avoir « une mémoire sélective. Il se souvient bien quand son complice allume le feu mais pas quand c’est lui ». Mais le jeune homme persiste et signe : il a des trous de mémoire causés par le médicament antidépres­seur qui lui est prescrit depuis qu’il a fait une tentative de suicide en juin dernier. Les 25 à 30 joints qu’il consommait à l’époque contribuen­t peut-être aussi à cette confusion ?

« Je voulais exploser »

En tout cas, le jeune garçon se dit en profonde dépression et avoue qu’il a voulu se faire sauter dans un local des Réhories où la petite équipe avait ouvert des bonbonnes de gaz trouvées sur place. Certes, le prévenu a des tendances suicidaire­s et est en perdition mais la procureure ne croit pas qu’il ait voulu mettre fin à ses jours à ce moment : « D’après les autres, tout le monde était joyeux ce soir-là et vous n’étiez pas au milieu des bonbonnes, vous essayiez d’y mettre le feu à distance. Mais avez vous songé aux conséquenc­es de vos actes ? Les bonbonnes sont restées ouvertes, imaginez si elles avaient explosé au moment où un employé franchissa­it la porte ? » La procureure évoque aussi les deux voitures brûlées qui ont mis dans l’embarras leurs propriétai­res pas forcément très argentés. Ou encore le risque de propagatio­n d’un des feux à l’Ehpad du Connétable, voisin. L’incendiair­e avoue qu’il n’était pas dans son état normal à ce moment-là. Ce que confirme le rapport du pyschiatre, décrivant une altération du discerneme­nt.

Arrêté la semaine dernière sans permis

Pour le juge, « c’est le drame de l’inactivité : vous traînez, vous fumez et vous mettez le feu. Il n’ya aucune justificat­ion à tout cela . A 21 ans, il est temps de vous prendre en main… » assène Guillaume Bailhache qui constate que le garçon ne va pas au rendez-vous de la Mission Locale, ne se soumet pas à tous ses contrôles judiciaire­s, faute de moyen de locomotion alors que la semaine dernière, il a été interpellé - pour la 3e fois - sans permis au volant d’une voiture et sous l’empire du cannabis. Le prévenu prétend qu’il s’agissait d’une voiture qu’il réparait avant d’avouer que c’était pour aller acheter des cigarettes. Il apprend même aux magistrats qu’il doit comparaîtr­e le 6 décembre pour une affaire de siphonnage d’essence ! « Vous cherchez à aller en prison ! », gronde la procureure qui requiert 24 mois dont 18 avec sursis.

Magali Bonfils, son avocate, dépeint « un jeune homme à la dérive, réellement suicidaire », qui a souffert des coups de son père. « Certes, ce qu’il a fait n’est pas acceptable mais il faut tenir compte de ses problèmes psychologi­ques et de sa douleur physique. » Elle obtient du tribunal un sursis intégral de 24 mois. Il est, en outre, condamné à 140 heures de travaux d’intérêt général et à rembourser 2.400€ à la Ville de Dinan et environ 2.500€ aux deux propriétai­res des voitures brûlées.

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