Les Normands vont-ils aussi nous piquer le marathon ?
Ce week-end de l’Ascension, c’est aussi celui de la plus grande épreuve de course à pied du secteur : le marathon de la Baie du Mont-Saint-Michel, qui fête sa 20e édition. Cette année, des nouveautés apparaissent [Lire aussi nos annonces en pages Cancale et Sports]. Toutes, côté Manche. Par ailleurs, le village quitte Saint-Malo. Il n’en fallait pas plus pour que certains imaginent que le marathon de la Baie, ne restera pas Breton très longtemps…
Lors de la conférence de presse du marathon, qui s’est déroulée lundi dernier au Mont Saint-Michel, une petite phrase de Philippe Bas, le président du conseil départemental de la Manche, a fait son petit effet : « L’hypothèse d’un départ du Marathon dans la Manche n’est pas à exclure », confiait-il à nos confrères de Ouest France.
A cela s’ajoutent d’autres particularités. Cette année, les organisateurs ont installé le village de la course, non plus à Saint-Malo mais juste à côté du Mont SaintMichel. D’autre part, les courses organisées à Saint-Malo, la 10 K et la Malouine, ont lieu le vendredi… matin. Au grand dam de plusieurs coureurs locaux [lire ci-dessous]. Certains participants s’inquiètent aussi des tarifs en hausse, notamment sur la 10 K, avec un engagement fixé à 14 euros, alors que généralement les inscriptions pour ce genre de distance oscille entre 7 et 10 euros en Bretagne.
Enfin, il y a l’aspect financier. Depuis la reprise de l’organisation par ASO (Amaury Sport Organisation, l’organisateur du Tour de France), en 2016, les collectivités brétiliennes et bretonnes ne versent plus aucune subvention [la ville de Saint-Malo apporte tout de même une aide technique]. A l’inverse, les Normands, le conseil départemental de la Manche notamment, sont les principaux partenaires financiers de l’épreuve.
De là à faire partir le marathon dans la Manche, il y a un pas qu’ASO se refuse (pour l’instant) à franchir. « De notre côté, ce n’est absolument pas à l’ordre du jour, assure Thomas Delpeuch, responsable courses chez ASO. Le départ de Cancale est idéal puisqu’il permet un parcours plat et roulant, parfait pour un marathon. De l’autre côté, les dénivelés sont plus importants et ne se prêtent pas à l’organisation d’une telle course ».
Il met en avant une autre raison : « Les relations avec la ville de Cancale sont très bonnes. Il y a quelque chose de fort qui existe dans le tracé existant. Notre but n’est pas de casser ce qui marche ! Mais plutôt d’offrir autre chose, côté normand. C’est pour cela que nous lançons le trail, qui va donner des images formidables et le semi-marathon qui un format qui a beaucoup de succès auprès des coureurs (1) ».
Mais qu’en est-il des autres courses malouines, la 10 K et la Malouine ? Ces dernières rencontrent un beau succès populaire, mais resteront-elles à Saint-Malo ?
Là encore, ASO réfute toute intention de nuire à ces deux épreuves : « Cette année, nous voulions organiser ces courses le vendredi en fin de journée. Seulement, nous nous sommes heurtés à un problème de marée. Celle-ci est haute vers 20 h, avec un fort coefficient [107 Ndlr] . Les contraintes de sécurité sur le Sillon étaient trop lourdes et nous avons donc décalé le départ dans la matinée ». Le fait que les épreuves tombent un week-end prolongé a aussi fait penser que beaucoup de gens feraient le pont.
Quant au tarif, Thomas Delpeuch l’estime normal : « 14 euros pour la 10 K, c’est le tarif TTC et minimum pour organiser quelque chose de bien. C’est dans la moyenne de ce qui se fait ailleurs en France ». Le fait qu’ASO soit une société privée n’est aussi pas anodin. Car clairement, ce genre de courses n’est pas vraiment rentable pour eux, d’où des tarifs un peu plus élevés. Mais du coup, l’existence même des courses peut-elle être remise en cause ? « Tant qu’il y aura une volonté de la ville de SaintMalo de nous accueillir, on restera », répond Thomas Delpeuch.
Des changements qui interrogent « Notre but n’est pas de casser ce qui marche ! » Des courses le matin, à cause de la marée
Nicolas EVANNO
(1) Cette année, ASO introduit deux nouvelles épreuves, le samedi : un semi-marathon au départ d’Avranches et un trail au de 58 km au départ de Granville, les deux arrivant au Mont SaintMichel (plus d’infos en pages Sports et Cancale).