Le Pays Malouin

Pourquoi autant ?

Du 1er au 9 juillet, fait escale à St-Malo. Un passage qui devrait attirer un nombreux public. Il faut dire que depuis sa constructi­on en 1997, et lors de son voyage aux USA l’an dernier, l’engouement autour de ce navire n’a cessé de grandir.

- Nicolas EVANNO et Thibault LECOQ

Un symbole de l’amitié franco-américaine

Si l’Hermione fascine, tant en France qu’aux Etats-Unis, elle le doit avant tout au célèbre passager qu’elle (1) emmena en Amérique en 1780 : le marquis de La Fayette. Il était alors missionné par le roi de France pour annoncer le soutien officiel de la France aux « rebelles » américains dans leur guerre d’indépendan­ce.

La Fayette embarque sur l’Hermione le 21 mars 1780 et débarque 38 jours plus tard à Boston. Il rejoint ensuite son ami le général Washington pour lui annoncer l’arrivée imminente des renforts français.

Il est déjà venu en Amérique quelques années plus tôt, sans l’aval du roi, pour se mettre au service de la révolution américaine. C’est ici que naît sa passion pour la liberté, annonciate­ur de son rôle durant la période révolution­naire en France.

De son côté, une fois La Fayette débarqué, l’Hermione ne rentre pas en France. La frégate combat elle aussi pour les insurgés américains. Elle reçoit ses lettres de noblesse le 7 juin 1780 lors d’un combat contre l’Iris, un navire anglais. L’Hermione participe aussi à la bataille décisive dans la baie de Chesapeake en 1781. Cette bataille est une des rares défaite de la Royal Navy et scelle l’issue de la guerre par l’incapacité de faire venir des renforts à Yorktown. La reddition de cette ville marquera la fin de la guerre d’indépendan­ce.

Signe de son rôle actif et remarqué dans la guerre d’indépendan­ce américaine, l’Hermione reçoit le congrès américain à son bord le 4 mai 1781.

On comprend mieux le symbole fort de l’amitié francoamér­icaine que représente ce navire, et pourquoi le voyage inaugural en 2015 aux USA a été un succès.

Une formidable aventure humaine

Pour beaucoup d’admirateur­s, l’Hermione, c’est avant tout une formidable aventure humaine et populaire. Certes, le navire actuel n’est qu’une réplique de la frégate du XVIIIe siècle. Mais une réplique qui a été réalisée pour ressembler de la façon la plus fidèle possible à son illustre aïeule. Or, si la constructi­on d’un tel navire s’effectuait assez rapidement il y a un peu plus de deux siècles, aujourd’hui c’est une gageure en soi.

Ce pari un peu fou a débuté en 1992, quand une poignée de passionnés a décidé de « ressuscite­r » l’Hermione, pour rendre hommage au patrimoine maritime de la France. Mais ce chantier titanesque a véritablem­ent commencé en 1997, à Rochefort en Charente-Maritime, là où la première Hermione avait aussi vu le jour.

Il aura fallu patienter 17 ans pour que la nouvelle soit achevée. Et justement, c’est ce chantier qui a marqué le début de l’aventure, puisque 4,2 millions de visiteurs se sont succédé pendant la constructi­on. « Petit à petit, s’est développé autour du bateau quelque chose qui a touché le public », confie Maryse Vital, déléguée générale de l’associatio­n Hermione - La Fayette.

Ce sentiment s’est encore accentué quand l’Hermione a pris la mer. Car il s’agit vraiment d’un voilier comme on pouvait en croiser il y a plus de 200 ans (1). 72 matelots [Et encore, au XVIIIe siècle ils étaient 200 à bord] sont ainsi nécessaire­s pour le faire avancer. Un équipage composé en grande partie de jeunes volontaire­s qui ont appris à « jouer » les gabiers dans sa mâture. Cette volonté de transmettr­e des gestes aujourd’hui révolus participe aussi à cette aventure et à la ferveur populaire. Celle-ci attire chaque année 250 000 visiteurs à Rochefort, le port d’attache de l’Hermione.

(1) Nous parlons de la « première » Hermione, construite au XVIIIe siècle. Celle d’aujourd’hui étant une réplique de ce navire.

(2) Evidemment, pour des raisons de sécurité et de réglementa­tion maritime, l’Hermione dispose tout de même de quelques moyens modernes de navigation, ainsi qu’un moteur, qui n’est utilisé que pour rentrer dans les ports.

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