Le Nouvel Économiste

Ce n’est pas à l’État de distribuer du pouvoir d’achat

La seule véritable source du pouvoir d’achat, ce sont les gains de productivi­té des entreprise­s

- MÉCOMPTES PUBLICS, FRANÇOIS ECALLE

La semaine dernière, les médias ont relayé une polémique entre le gouverneme­nt et des économiste­s de l’OFCE sur le montant (4 ou 6 Mds€) des gains de pouvoir d’achat résultant des baisses d’impôts et de cotisation­s sociales pour les ménages en 2019.

Cette polémique est vaine, d’abord parce que cet écart de 2 Mds€ correspond à l’ordre de grandeur des erreurs commises en faisant de tels chiffrages. En effet, l’impact budgétaire des mesures fiscales est rarement connu avec précision et, surtout, son partage entre les ménages et les entreprise­s est souvent très incertain. Par exemple, les impôts indirects (TVA, accises sur les tabacs et carburants…) sont collectés par les entreprise­s, mais celles-ci les répercuten­t généraleme­nt dans leurs prix de vente. Cette répercussi­on n’est toutefois pas totale et, pour partager l’impact d’une hausse de ces impôts entre les ménages et les entreprise­s, il faut faire des hypothèses discutable­s sur l’ampleur de cette répercussi­on.

Surtout, ce débat est stérile parce que la question pertinente est de savoir s’il est vraiment opportun aujourd’hui de baisser les impôts des ménages. La réponse est pour moi clairement négative. Il est évident que la plupart des Français ppréférera­ient avoir pplus de pouvoir p d’achat, mais ce n’est pas à l’État de le distribuer. La seule véritable source du pouvoir d’achat, ce sont les gains de productivi­té des entreprise­s.

Engagement­s démagogiqu­es

Quand l’État fait semblant de distribuer du pouvoir d’achat en baissant les impôts des ménages, il doit le reprendre immédiatem­ent pour équilibrer ses comptes en augmentant d’autres impôts ou en réduisant les dépenses publiques versées à d’autres ménages ou entreprise­s. Sinon, il finance ces baisses d’impôts en empruntant, ce qui signifie qu’il renvoie à plus tard, éventuelle­ment sur les génération­s futures, les hausses d’impôts nécessaire­s pour les financer.

Avec un déficit public parmi les plus élevés de l’Union européenne, une dette qui flirte avec les 100 % du PIB et une croissance qui est relativeme­nt bonne, même si elle n’est pas excellente, ce n’est pas le moment de creuser le déficit pour distribuer du pouvoir d’achat. C’est le moment de réduire le déficit public et de donner l’exemple du sérieux budgétaire à des pays comme l’Italie qui sont tentés eux aussi de rendre du pouvoir d’achat aux contribuab­les.

Dans une interview récente au ‘Journal du dimanche,’ le président de la République a déclaré que “je suis bien sûr sensible à la problémati­que du pouvoir d’achat. Mais, moi, je ne me suis pas engagé là-dessus”. Il a bien raison car de tels engagement­s sont purement démagogiqu­es.

Quand l’État fait semblant de distribuer du pouvoir d’achat en baissant les impôts des ménages, il doit le reprendre immédiatem­ent. Sinon, il finance ces baisses d’impôts en empruntant, ce qui signifie qu’il renvoie à plus tard, éventuelle­ment sur les génération­s futures, les hausses d’impôts nécessaire­s pour les financer.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France