Le Nouvel Économiste

Ces villes qui sont la vraie Amérique

Vibrantes, résiliente­s et souvent ignorées, et qui feront entendre leur voix lors des élections de mid-term.

- ANNE TOULOUSE

Cette année, je fais des infidélité­s à Washington. Certes il s’y passe à chaque instant quelque chose, mais le spectacle permanent finit par lasser, surtout quand il y a des choses encore plus intéressan­tes ailleurs. J’ai entamé une tournée de ces endroits vibrants de l’Amérique dont on parle rarement à l’extérieur du pays et même, soyons francs, à l’intérieur. Cette semaine, je suis retournée à Nashville, une ville que je connais bien car mon fils y a fait ses études. Là, généraleme­nt, on me demande s’il est musicien. C’est vrai que Nashville le berceau de la country music, où Johnny Hallyday et les chanteurs des années 1960 allaient enregistre­r sur les traces de Johnny Cash et Elvis Presley. Il y a toujours des enseignes en forme de guitares géantes qui clignotent la nuit dans Broadway, la rue des bars et des magasins qui vendent encore des disques en vinyle. Mais ce quartier est étouffé par une forêt de gratte-ciel qui croît littéralem­ent à vue d’oeil.

Boomtown

Music City a gagné un autre surnom “Boomtown”. Elle est au troisième rang des villes américaine­s en matière d’expansion économique, avec une croissance de 4 % par an. Les deux premières sont Orlando en Floride et… Grand Rapid dans le Michigan (vous savez la région des grands lacs, généraleme­nt présentée comme un cimetière économique !) C’est le moment de rappelerpp qque Nashville est la capitale du Tennessee, un État qui s’étend sur plus de 700 kilomètres entre les Appalaches et le fleuve Mississipp­i. C’est dire qu’on n’y arrive pas par hasard. Mais on y arrive beaucoup. La ville enregistre une croissance démographi­que de 1,8 %, soit plus du double de la moyenne nationale. En décembre 2017, le taux de chômage y était de 2,6 % contre 4,1 % pour l’ensemble du pays. Tout le monde ne joue pas de la guitare. Selon Marieta Velikova, professeur d’économie à Belmont, l’une des grandes université­s locales, la prospérité de Nashville repose sur trois piliers particuliè­rement stables : la santé, l’éducation… et la musique, dans cet ordre-là. Nashville est en effet avant tout la capitalep de la santé aux États-Unis, avec HCA (Hospital Corporatio­n of America) le plus grand groupe hospitalie­r du monde, fondé en 1968 par la famille Frist, qui a donné un musée à la ville et un sénateur au pays. HCA emploie plus de 200 000 personnes et gérait au dernier pointageg 178 hôpitauxp et 250 centres médicaux aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Il y a également un grand centre médical dans l’Université Vanderbilt, fondée en 1873 par le roi des chemins de fer et qui compte aujourd’hui 12 000 étudiants de 35 nationalit­és sur un campus qui occupe 135 hectares en centre-ville. Ce dont on parle en ce moment à Nashville, c’est du référendum qui aura lieu le 1er mai prochain, pour savoir si ses habitants sont prêts à accepter une augmentati­on de certains impôts pour financer un plan de transports en commun. Les quelque 700 000 habitants dépendent pour l’instant quasi uniquement de l’usage de la voiture et l’état des routes s’en ressent. Cela place Nashville au centre du débat national entre la fiscalité et la rénovation des infrastruc­tures, qui est pparticuli­èrement aigug dans la région, g car l’État du Tennessee a passé une loi qui lui interdit de vivre à crédit. Toutes les dépenses doivent être préfinancé­es. Pourquoi Nashville, comme les villes qui lui ressemblen­ta – Raleigh en Caroline du Nord, Austeen au Texas, Denver dans le Colorado – mérite-t-elle que l’on distraie l’attention du traditionn­el triangle New York-Washington-Los Angeles ? Parce que la prochaine élection est le Midterm, le renouvelle­ment de la Chambre des représenta­nts et d’une partie du Sénat, où cette Amérique vibrante, résiliente et souvent ignorée, fait entendre sa voix.

Music City a gagné un autre surnom “Boomtown”. Elle est au troisième rang des villes américaine­s en matière d’expansion économique, avec une croissance de 4 % par an.

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Bienvenue en Trumpie Déjà un an à la Maison Blanche Anne Toulouse, Éditions Stock

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