L’événement : carte de France des aires de services 2019
En matière d’accueil des camping-cars, et même si certains contentieux avec des communes réticentes font un peu d’ombrage à ce constat, la France est en tête des pays d’Europe s’agissant du nombre et de la qualité des aires de stationnement et de services.
La France reste, et de loin, le premier pays d’Europe en matière d’accueil des campingcars. Le rythme des créations d’aire s’établit à une centaine chaque année, en excluant les offres d’accueil de propriétaires privés qui ne proposent pas tous l’intégralité des commodités définissant une aire de services (a minima, point d’eau, vidange des eaux grises et noires). L’élément nouveau, sans doute, est la tendance des petites communes, souvent de moins de cinq cents habitants, à se doter également d’une aire de stationnement et de services. Pour elles, la prio- rité annoncée est souvent d’attirer les camping-caristes et de les inciter à rester sur place afin de préserver un minimum d’activités économiques, voire de sauver les derniers commerces. Toujours est-il que ces initiatives contribuent à améliorer le maillage national en aires d’accueil et offrent aux usagers des opportunités d’étapes en milieu rural souvent de qualité. Côté coûts, l’éventail des investissements est considérable. De quelques milliers d’euros à cent mille euros, voire bien davantage, selon le type d’infrastructure et selon, bien entendu, que l’aire se substitue à un parking ou à un camping existant ou qu’elle est créée ex nihilo. Prenons deux exemples : la commune de Plouëc-du-Trieux dans les Côtesd’Armor – 1 150 habitants – s’est récemment équipée d’une aire installée sur le parking de la salle multifonctions, équipement réalisé en régie dont le coût s’est « limité » à 7 200 €. Une somme d’ailleurs en partie financée (2 100 €) par Pontrieux Communauté. A l’inverse, en 2017, la commune de L’Aigle, dans l’Orne (8 000 habitants), s’équipe d’une aire paysagère, à l’initiative de la collectivité intercommunale. Douze emplacements avec accès et parking en enrobé et stationnement en béton balayé sont créés, avec éclairage renforcé, dispositif de vidéoprotection et haies séparatives entre chaque emplacement. Coût global : 119 287,83 € HT, précisément. Un équipement plutôt haut de gamme qui bénéficiera des aides de l’Europe (23 074,13 €) et du Département (10 000 €). On pourrait multiplier à l’infini les exemples d’initiative engageant financièrement les communes ou communautés de communes. Pour elles, il n’est d’ailleurs pas toujours facile de concevoir des équipements adaptés faute d’informations leur permettant de cerner les attentes des usagers et d’éléments pour estimer
avec précision la rentabilité de tels équipements.
Les sociétés spécialisées
D’où parfois le recours à des sociétés qui prennent tout en mains, de la création jusqu’à la gestion de ces aires. Comme AireServices, une société existant depuis 2000 qui ne se contente pas de créer des bornes de services plus ou moins sophistiquées mais propose également centrales de paiement, candélabres, systèmes de vidéosurveillance, etc. Mais surtout, l’entreprise de Concarneau peut prendre en charge le dossier complet d’aménagement d’une aire camping-cars ou d’un parc de stationnement (administratif et technique). Elle propose également d’aider les communes dans leurs démarches de subvention, de préparer et s’occuper du dossier d’appel d’offres et d’assurer le suivi complet du chantier, y compris la réalisation. Faisant preuve de souplesse, AireServices accepte de réaliser le projet en partenariat avec un architecte local. Enfin, la société peut également prendre en charge la gestion de l’aire, libérant ainsi la municipalité d’une tâche pour laquelle elle ne dispose pas forcément du personnel adéquat. Dans ce cas, l’entreprise facture ses services à la Mairie ou à la Communauté de Communes. Le montant variera évidemment en fonction des volumes (nombre d’entrées), certaines communes très touristiques (Noirmoutier, Oléron...) pouvant compter sur des recettes annuelles de 200 000 € ou plus. L’autre « grand partenaire » du secteur s’appelle Camping-car Park. Le dynamisme de cette entreprise créée en 2011 est incontestable, ses responsables démarchant activement les municipalités et n’hésitant pas à faire un véritable travail de lobbying auprès des maires de France et des présidents d’Intercommunalité, en participant notamment à leur congrès annuel. Aujourd’hui, pas moins de 130 aires de services sont gérées par l’entreprise de Pornic. Pour y avoir accès, l’usager doit se procurer une carte Pass’Etapes, laquelle donne droit à un certain nombre d’avantages, et surtout d’utiliser les aires du réseau en réglant son séjour via un compte carte rechargeable. S’il est évidemment difficile de connaître les arguments de l’entreprise visant à convaincre les maires de s’équiper d’une aire de services et d’abandonner sa gestion dans les mains de l’équipementier - outre celui de percevoir une part des redevances (jusqu’à deux tiers du chiffre d’affaires est versé au partenaire, selon Camping-car Park) - certains édiles nous ont affirmé s’être laissés convaincre par la promesse d’une simplification du stationnement sur leur territoire. Entendez par là, la possibilité de mieux canaliser les flux, voire de restreindre ou d’interdire le stationnement des camping-cars ailleurs que sur l’aire… Pour autant si la France reste leader par le nombre d’aires de services, le fait qu’elle soit également la destination préférée des camping-caristes européens ne manque pas de poser des problèmes de capacité d’accueil sur les lieux très touristiques en haute saison. La réponse à ces problèmes est incontestablement très difficile et reste évidemment le défi de demain.