Le Journal de Vitré

Les élèves allophones invités à écrire une lettre à leurs proches

- • Marie-Paule Lancelot (Correspond­ante)

Fin mars, 17 élèves allophones du collège Gérard-de-Nerval, ont fait une entrée théâtrale devant un parterre de parents, frères ou soeurs, professeur­s, éducateurs et membres de l’associatio­n rennaise L’âge de la tortue. Défi réussi pour les lectures de lettres écrites dans leur langue maternelle à leurs proches.

Le projet d’écrire des lettres, au rythme de sept ateliers, a vu son clap de fin lors d’une restitutio­n publique au coeur du collège, « une lecture-spectacle ». Pour Sibel Kus, leur professeur­e attitrée, il s’agissait de mettre en valeur le travail de ses élèves. Hasard ou pas du calendrier, le projet, financé par le Départemen­t, s’est déroulé lors de la 9e édition de la semaine des langues vivantes.

Nous ne sommes qu’au deuxième trimestre et les élèves venant de onze pays du globe forment un groupe soudé. Lors de leurs lectures de lettres à un proche, une traduction en français était projetée sur un écran. Tour à tour, les jeunes ont commencé par se présenter et donner leur pays d’origine (Algérie, Portugal, Albanie, Vietnam, Syrie, Géorgie, Philippine­s, Brésil, Afghanista­n, Roumanie,

Ukraine).

Ils vivent en famille, dans une famille d’accueil ou pour certains, dans un foyer. Ils ont pris à coeur le projet de témoigner de leur vie en France et au collège dans leur classe UPE2A. L’enjeu : « mettre en lumière des fragments d’histoires de vies » afin d’éditer un journal dont la une de couverture est « Nous parlons une autre langue ».

Quelques extraits

« Je commence à aimer cet endroit », écrit Ana Raquel à ses copines portugaise­s. « J’aime beaucoup plus ma nouvelle école que l’école en Albanie. J’ai rencontré beaucoup d’amis avec lesquels je passe mon temps libre », poursuit Dajana. El Hadi, lui, est dithyrambi­que sur la France, mais n’oublie pas sa Kabylie natale : « la France est un beau pays et possède des choses belles et merveilleu­ses comme ma patrie ».

El Hadi parle sept langues et se débrouille déjà très bien en français. Son copain syrien, Zaïd, a été en errance dans divers pays avant d’arriver à Rennes. « Cette année, je prends le train tous les jours pour venir au collège, l’an prochain, je serai admis dans un lycée rennais. »

De son côté, Fadjon, d’Albanie, a le blues. «Maman, cela fait deux ans que je ne t’ai pas vue et j’espère qu’un jour viendra où nous nous rencontrer­ons. »

Plus léger, Serban, originaire de Roumanie, écrit à son copain Mario et lui donne des conseils pour aborder une fille qui lui plaît, « ne fais pas une story sur Instagram comme je l’ai fait avec Diana ». On terminera par Kim du Vietnam, « ici, je suis un peu triste parce qu’il y a certaines personnes qui jugent, qui sont racistes, ont des a priori, mais il y a quand même des personnes qui sont bonnes ».

Le mot de la fin est revenu à Sibel Kus : « C’est pro ce que vous avez fait, vous avez parlé fort, vous n’avez pas lu trop vite. »

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