Les oiseaux indicateurs de richesse
La migration active touche à sa fin. Sur le littoral, un superbe passage de Pigeons ramiers a eu lieu grâce à un ciel clair et des vents de Sud Est poussant les oiseaux de l’intérieur des terres vers la côte.
Volant particulièrement haut, des bandes pouvant atteindre 3 000 oiseaux s’étirent comme autant de points noirs dans un ciel bleu limpide. Les grands passages de Ramiers sont observés en Picardie surtout dans l’Oise (notamment au site de suivi migratoire de Brassoir à Morienval) et dans l’Aisne. Ces mouvements vont se prolonger jusqu’à fin novembre voir début décembre.
Population de pigeons en augmentation
Ces oiseaux sont originaires du sud de la Scandinavie, mais aussi de pays plus proches comme l’Allemagne ou les Pays-Bas. Les nicheurs de l’est de l’Europe vont partir surtout hiverner en Espagne et au Portugal en franchissant les Pyrénées. Les ramiers des îles britanniques hivernent peu en France et n’y passent guère du fait de leur quasi-sédentarité. La population française hivernante est en nette augmentation avec plus de 10 millions d’oiseaux alors que les effectifs en migration sur les cols pyrénéens sont en constante baisse, les oiseaux limitant leurs déplacements. Les récents incendies et sécheresses en péninsule ibérique ne vont pas favoriser cette année l’hivernage de cette espèce dans les chênaies dévastées. De plus, depuis son habitat originel forestier, l’oiseau a profité des cultures de maïs pour s’implanter au 19e siècle dans les milieux agricoles puis les secteurs urbains (il a niché à Paris à partir de 1830).
11 Grandes Aigrettes à Rue
À la sortie de Rue on remarque souvent dans un vaste champ non encore labouré jusqu’à 11 Grandes aigrettes ensemble en action de chasse. Leur haute posture altière au plumage immaculé les fait se remarquer de loin. Elles sont à l’affût tout comme les Buses variables ou les Hérons cendrés, des Campagnols des champs, qui doivent être ici d’une densité importante. Voilà un excellent contrôle gratuit et inoffensif sur le long terme de limitation de ces rongeurs prolifiques.
Le hanneton devient rare
Dans les champs, on remarque aussi bien des Mouettes rieuses ou des Goélands cendrés que des Choucas ou des Corbeaux freux qui suivent les tracteurs au labour. La proie principale est alors et la plus riche en protéines reste le dodu « ver blanc » à vrai dire la larve du hanneton qui se nourrit de débris végétaux et racines. Elle mettra 3 ans avant de devenir adulte. Le hanneton devient rare comme l’ensemble de la microfaune du sol qui s’appauvrit. Des études précises montrent un net appauvrissement en diversité d’espèces dans les terres agricoles et dans la densité de lombrics indispensable à l’aération et la régénération des sols. Et la terre ne vit, ne se développe pour tous que sur le long terme.
Les fluctuations d’animaux indicateurs de la richesse des milieux peuvent aussi s’expliquer par cet appauvrissement de la base de la chaîne alimentaire. Ce phénomène apparaît aussi aujourd’hui dans les rivières où leur fond n’est plus aussi richesse en diversité d’espèces du fait des différents polluants et de la modification de la structure du lit du cours d’eau. La nature a toujours des cycles, des fluctuations mais ceux-ci semblent, depuis une trentaine d’années, plus complexes à comprendre et à expliquer malgré des connaissances naturalistes et éthologiques accrues sur le terrain.
Les toutes récentes conclusions de la perte de 70 % des densités de populations d’insectes dans certaines régions allemandes vont largement dans ce sens d’appauvrissement de la vie. Mais ces pertes ne sont pas irrémédiables et les exemples qui se multiplient d’agriculture plus raisonnée montrent que les sols se régénèrent progressivement au fil des années respectueuses. Cela nous rappelle que nous faisons partie intégrante de l’organisation des phénomènes naturels tout comme nous devons les subir, mais au mieux les empêcher et anticiper ces dérèglements.