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Saint-Thomas, une légende havraise

À sa naissance en 1870, la IIIe République se cherche et les affronteme­nts sont vifs entre monarchist­es et républicai­ns. Le tout sur fond de querelles religieuse­s…

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La loi de 1905 apparaît bien loin et la séparation de l’Église et de l’État n’est pas encore à l’ordre du jour. Certains pensent cependant déjà qu’il est temps de délimiter le champ respectif du politique et du religieux. Aux yeux de ces pionniers de la laïcité, cela passe par la volonté de donner à tous les petits Français une éducation laïque, gratuite et obligatoir­e.

Former des profils

Du côté des catholique­s fervents, on voit d’un assez mauvais oeil la perspectiv­e de ne plus avoir son grain de sel à mettre dans l’enseigneme­nt et on s’organise en prévision de jours difficiles. Au Havre, le conservate­ur Raoul Ancel crée, en 1874, le patronage Saint-Thomas d’Aquin. Il s’appuie pour y parvenir sur l’aide de religieux dominicain­s, et particuliè­rement du père Hyacinthe Delorme, qui sera le premier aumônier de l’institutio­n. Il s’agit de permettre aux jeunes issus des classes modestes de pratiquer des loisirs sportifs ou artistique­s. Pour réunir les fonds nécessaire­s, on sollicite notamment « les hommes qui ont, avec des conviction­s religieuse­s, du savoir et de la fortune, pour faire l’éducation des enfants du peuple. » Bref, on réclame l’aide des plus riches pour aider les plus pauvres. Mais il y a une démarche idéologiqu­e : « Former parmi les classes populaires des phalanges de jeunes hommes qui seront par la suite des défenseurs de l’ordre chrétien. » Rien pour les filles en revanche… L’établissem­ent s’installe rue des Ormeaux.

De multiples activités

Malgré l’arrière-pensée d’origine pas vraiment innocente, il n’en reste pas moins que « Saint-Tho » va offrir à des génération­s de Havrais l’opportunit­é de s’initier à une foultitude d’activités : jeux divers, théâtre, musique, sports, avec notamment une section gymnastiqu­e ouverte dès 1894. Avec les lois sur l’éducation promulguée­s en 1881 et 1882, le patronage se spécialise dans les activités du jeudi et devient mixte au fil du temps. Aujourd’hui encore, « SaintTho » reste le nom de notre principal club de basket et celui d’une associatio­n de loisirs. « Saint-Tho », dans l’ADN de notre ville.

 ??  ?? 1 Le père Delorme, premier aumônier du patronage Saint-Thomas d’Aquin. 2 Saint-Tho reste une grande famille: visite de permission­naires pendant la Grande Guerre. 3 L’harmonie du patronage.
1 Le père Delorme, premier aumônier du patronage Saint-Thomas d’Aquin. 2 Saint-Tho reste une grande famille: visite de permission­naires pendant la Grande Guerre. 3 L’harmonie du patronage.

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