COMMENT BERCY ENTEND FLÉCHER L’ÉPARGNE DES FRANÇAIS VERS LES ENTREPRISES
Une cinquantaine de produits financiers investis dans les entreprises tricolores viennent d’être labellisés. Ils sont désormais accessibles au grand public.
L’épargne accumulée pendant la crise par les Français, près de 130 milliards d’euros, peutelle alimenter l’économie tricolore en temps de crise ? Le gouvernement y croit et pousse fort. Il a lancé en octobre le label Relance. Objectif : mettre un coup de projecteur sur les fonds de capital investissement qui placent leur argent dans les entreprises françaises. Ces organismes de placement collectif doivent investir au moins 30 % dans les entreprises hexagonales et 10 % dans les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). « Le capital investissement apporte du carburant aux entreprises. Et il donne du sens à l’épargne. Faire de jeunes pousses prometteuses les champions de demain, ça a du sens », explique Christophe Bavière, président du directoire d’Idinvest Partners. On compte désormais plus de 120 fonds labellisés Relance. Une cinquantaine de produits sont désormais accessibles au grand public, au travers d’un contrat d’assurance-vie ou d’un PEA. Ce n’est sans doute pas fini. Le label pourra être octroyé jusqu’au 31 décembre 2022. Les assureurs et les banques se sont engagés auprès de Bercy à proposer au moins une unité de compte Relance dans leurs contrats d’assurancevie d’ici à 2022.
Les Français vont-ils se laisser tenter ? Depuis 2019, ceux qui mettent du capital investissement dans leurs contrats d’assurance-vie sont moins limités. Ils peuvent y placer jusqu’à 50 % des encours d’un contrat d’assurance-vie, contre 10 % auparavant. L’appétit est là, mais il concerne plutôt les ménages aisés. « Plus le patrimoine est élevé, plus il y a un besoin de diversification et une appétence pour ces produits », juge Philippe Malatier, du cabinet K&P Finance. Les rendements généreux – 10 % en moyenne – vont de pair avec un risque élevé. L’enjeu est donc de séduire plus largement, de rassurer. Le label Relance peut-il convaincre les épargnants français traditionnellement frileux de se lancer ? « On sent une demande sous-jacente. Les épargnants veulent aussi savoir où va leur argent. Le label leur offre cette visibilité », souligne Jérôme Larsonneur, responsable commercial chez Groupama Asset Management.