DES CHIFFRES ET DES CHIFFRES
Théâtre ? Il a fallu le confinement pour en avoir régulièrement, à une heure décente. Musique ? Reléguée vers 1 heure du matin. Littérature ? Les éditeurs ont cosigné une pétition pour des écrivains plus présents à l’antenne. Cinéma ? Pas une émission. Art ? Pas une émission. Tel est le bilan culturel de France Télévisions sous Ernotte 1, approuvé benoîtement par le CSA. Il n’est qu’à se rappeler le jaillissement des années 1970 (création d’Antenne 2),
1980 (Canal+) et 1990 (Arte) pour trouver que, culturellement,
France Télévisions est aujourd’hui usée, dépassée, rétamée ; en un mot : ringarde.
Mais ça plaît au CSA ; donc, que demande le peuple ? Le peuple demande un supplément d’âme. Autrefois fenêtre ouverte sur le monde, la télévision l’est aujourd’hui sur le nombril des gens de télé. Pour ces gens-là, la culture est une corvée, alors qu’elle est un moyen de rendre la vie plus intense et plus douce.
Il n’est qu’à voir, le succès que remporte, à Royan, depuis des étés, Un violon sur le sable, série de concerts donnés sur la plage devant 60 000 personnes. Que viennent y chercher ces spectateurs, sinon une émotion qui les élève ? Il n’y aura pas de concerts cette année, mais on peut suivre, dans « Passage des arts », quelques extraits des éditions passées. Puisse cette émission persuader les têtes pensantes de France Télévisions et du CSA de faire de la culture la priorité des années qui s’ouvrent. À la télé, on ne parle que de chiffres, on en oublie les lettres.
« Passage des arts. Le Meilleur du Violon sur le sable », France 5, samedi 8 août, à 22 h 25.