Jean Brana, la passion de l’irouléguy A.T.
Longtemps délaissé à cause de sa qualité médiocre, le vin d’Irouléguy a retrouvé ses lettres de noblesse grâce à la persévérance d’un vigneron, spécialiste de ce cépage.
Fils et petit-fils de marchand de vin, Jean Brana était destiné à reprendre l’affaire familiale, mais c’est vigneron qu’il voulait être : avoir les mains dans la terre, produire du vin de son pays. Originaire du Pays basque, il était logique qu’il s’intéresse à l’Irouléguy, le vin de son terroir. Dans les années 1980, après ses études d’oenologie, ses parents investissent dans une vingtaine d’hectares de terrain en pente. Plutôt que de chercher à aplanir ce terrain, Brana s’inspire des vignobles suisses en terrasses. « Cette façon de cultiver les vignes est plus qualitative, mais la production est moindre et demande beaucoup de main-d’oeuvre. Avec la création des terrasses, nous avons redonné vie aux talus qui permettent le fractionnement hydrique lors des grosses pluies. Au lieu de ruisseler et d’engorger les rivières de la vallée, la pluie est arrêtée par les talus et s’infiltre goutte à goutte dans la terre pour remplir les nappes phréatiques », dévoile Jean Brana. Les talus sont fauchés manuellement une fois par an après que les dernières nichées d’oiseaux ont été élevées.
Au fil du temps, il a reconstruit une biosphère de façon naturelle sans herbicide ni insecticide. « On peut considérer qu’on est en permaculture. Nous avons aujourd’hui 106 essences naturelles dans les vignes lorsque la réglementation bio en demande entre 50 et 60. Une partie de la vigne est en HVE (haute valeur environnementale) et l’autre en bio », ajoute-t-il. Chaque année, Jean Brana produit 120 000 bouteilles, dont une partie part à l’export.« Mon rêve serait de ne plus exporter du tout et de vendre toute ma production au niveau local et national. Quand on a une démarche écologique, il faut aller jusqu’au bout. À quoi sert de faire tout ce travail pour envoyer des containers aux États-Unis ? » Son prochain chantier : travailler sur des vignes de 150 ans d’âge. « Plus une vigne est vieille, meilleur est le vin, car elle a su s’adapter à son terroir. Elles donnent des vins de qualité, riches et élégants. »
Récemment, avec sa soeur Martine, en charge de la distillerie (la célèbre poire Brana mais aussi du gin), ils ont ouvert un magnifique showroom de dégustation et de vente à Ossès. L’occasion de faire une halte pour goûter ces Irouléguy et ces liqueurs originales qui méritent le détour.
Brana (05.59.49.23.98 ; Brana.fr). Route de Saint-Jean-Pied-de-Port. Ossès.