BENJAMIN GRIVEAUX, HUMAIN, TROP HUMAIN ?
Emmanuel Macron pensait-il être si clairement entendu lorsqu’il demandait à ses députés de « faire preuve d’humanité » ? Qu’y a-t-il en effet de plus humain que l’infidélité, la concupiscence, le narcissisme, la vanité ? Qu’y a-t-il donc de plus humain que Benjamin Griveaux ? On objectera que l’ex-candidat à la Mairie de Paris possède « en même temps » un nombre égal de vertus, et on aura raison. Car être humain n’est pas être vice ou vertu, mais être vice et vertu « en même temps ». Longtemps, cette vérité première et l’anthropologie qu’elle génère furent des évidences. Ce n’est plus le cas. D’où le charivari provoqué par l’exhibition d’un de ces «misérables petits secrets» dont parlait Malraux. L’indignation submergea la cité ; révéler l’obscur n’était pas aimable. Où irions-nous si l’impureté était l’essence de l’homme et que son dévoilement s’opérait en place publique ? Cachez cette vérité que nous ne voulons voir, tel fut le mot d’ordre des belles âmes sidérées. Elles ignorent Platon décrivant l’âme humaine telle une « bête multiforme et polycéphale ». Dédaignent Pascal pour qui l’ange et la bête se disputent sans relâche le coeur humain. La complexité, voilà leur ennemi. D’où leur désarroi devant l’apparition de ce
« monstre incompréhensible » qu’est le prochain. Que « je » puisse être un « autre » les dépasse. Et si on leur révèle que l’inhumanité de l’homme prouve son humanité, elles défaillent.