LES RENDEZ-VOUS
de J-R Van der Plaetsen
François Baroin a gardé les pieds sur terre – sans doute parce qu’il sait d’où il vient et où plongent ses racines. A l’ère de la mondialisation à marche forcée, c’est une forme de bon sens qui peut servir de boussole lorsque l’époque s’égare. C’est sa force. Il le pressent et pousse sa réflexion sur le sujet. Comment le lui reprocher ? En ce drôle d’âge de plomb où l’on vous assène que tout se vaut et que rien ne vaut rien, quel que soit le lieu où l’on se trouve dans le monde, lui sait que le temps dure longtemps, et que notre civilisation, bâtie avec patience au cours des siècles, reste fragile. C’est le sens du combat qu’il mène à la tête de l’Association des maires de France. C’est aussi celui des idées disséminées dans Une histoire sentimentale, qui fait suite à Une histoire de France par les villes et les villages, paru il y a deux ans. Le point de vue qu’il développe dans cet ouvrage peut se résumer ainsi : et si Paris écoutait un peu plus les provinces ? A travers des dizaines d’histoires à vocation édifiante, Baroin rappelle comment la République a pu, en de multiples occasions, se grandir et s’élever grâce aux initiatives locales. Son dessein n’est pas d’analyser les raisons du désespoir de la France des ronds-points ni de dénoncer la fracture entre grandes villes et périphéries, mais de remettre à leur place, c’est-à-dire au centre du village, quelques vieux symboles qui peuvent encore servir : le drapeau, La Marseillaise, le souvenir des anciens, le roman national, etc.
« Cette géographie des valeurs, constituée par des personnages et des paysages, a fait la France, dit-il, ajoutant : Aujourd’hui, ce qui m’inquiète, c’est que la question même de l’unité du pays puisse se poser. » Baroin se garde de dévoiler ses intentions quant aux échéances politiques futures, et son livre n’a rien d’un programme. Mais il a le charme puissant des affiches électorales d’autrefois, lorsqu’il était encore question de la France.