Le Figaro Magazine

ROBIN D’EFFROI

Produit par Leonardo DiCaprio, un film prétend raconter à nouveau comment est née la figure légendaire de Robin des Bois. C’est un désastre.

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CHERS AMATEURS DE NANARS CINÉMATOGR­APHIQUES, réjouissez-vous. Depuis mercredi est projeté dans les salles le prince 2018 de la catégorie : Robin des Bois. Rassurez-vous, rien à voir avec les récits de Walter Scott ou d’Alexandre Dumas ni avec les films mettant en scène Errol Flynn, Sean Connery, Kevin Costner ou Russell Crowe, ni avec le dessin animé de Disney. Non, ici, c’est du n’importe quoi stratosphé­rique. La crème des navets. Un ratage à tous les étages.

Le scénario ? Sublime dans le ridicule. Noble seigneur ayant dû abandonner la belle Marianne pour traquer l’Infidèle du côté de Jérusalem, Robin de Loxley est renvoyé à Nottingham après avoir tenté d’empêcher la décapitati­on d’un chef maure plus noir qu’un guerrier soudanais par un confrère exalté (car oui, dans ce film, ce sont les chrétiens qui décapitent les musulmans…). Avec lui, emprisonné dans la cale du bateau, se trouve le père du jeune homme étêté : Yahya Ibn Umar, qui, sans doute pour intéresser les jeunes Américains à cette vieille histoire européenne, ressemble au basketteur des Golden State Warriors Kevin Durant (en vrai, il s’agit de Jamie Foxx).

Dans sa ville natale qui le croyait mort, Robin découvre que sa fiancée s’est mise en ménage petit-bourgeois avec un artisan aux ambitions politiques, que le shérif impose aux pauvres des taxes à côté desquelles le matraquage fiscal actuel en France paraît anodin et que les sommes récupérées servent à financer les Sarrasins afin de déstabilis­er la Couronne anglaise (ça suit, derrière ?). Et Robin de devenir à la fois Spartacus, Zorro et Arsène Lupin pour rétablir la justice sociale et sauver le roi. A ses côtés, Yahya Ibn Umar, rebaptisé… « petit Jean » (sans doute pour faire plaisir à Eric Zemmour).

La mise en scène ? Un naufrage. Les scènes de bataille sont indéchiffr­ables et les séquences intimistes grotesques (la faute à des dialogues qu’on croirait écrits par les Inconnus). Mais le plus consternan­t réside dans le fond idéologiqu­e de cette bouillie d’images : repentance et autoculpab­ilisation occidental­e à haute dose. La thèse est en gros que ce sont les chevaliers chrétiens qui ont semé le chaos au Moyen-Orient au nom d’une religion guerrière et impérialis­te, tandis que l’islam, incarné par le brave « petit Jean », n’est que bonté, générosité et lumière. Par ailleurs, cardinaux et prêtres se révèlent tous corrompus, prévaricat­eurs, moches et partouzard­s. Sauf Tuck, mais il se défroque ! Un summum, on vous dit.

Post-apostrophu­m : le réalisateu­r de cette purge de deux heures s’appelle Otto Bathurst. Un nom à ne pas retenir.

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