TROIS FRANÇAIS À LA CONQUÊTE DU BALLON D’OR
Antoine Griezmann, Raphaël Varane et Kylian Mbappé rêvent de décrocher la plus belle récompense individuelle du football, décernée lundi prochain à Paris. Sans certitude…
Ce n’est pas de notre faute s’il a pris une telle importance. C’est la faute du football. » Co-créateur du ballon d’or avec Jacques Goddet, Gabriel Hanot et Jacques de Ryswick, l’ex-journaliste de L’Equipe, Jacques Ferran, a engendré un monstre. Lancé en 1956 pour récompenser le meilleur footballeur européen – il s’ouvrit au reste du monde en deux temps, en 1995 et 2007 –, le prestigieux trophée est devenu, six décennies plus tard, l’un des symboles de l’individualisme galopant au sein du sport roi. Traditionnels juges de paix pour départager les candidats, les titres remportés collectivement (en club et en sélection) semblent peser chaque année moins lourd face aux statistiques et exploits en solo des artistes du ballon rond. Face à leur puissance marketing aussi. Et si la Coupe du monde reste le Graal pour tout gamin qui inscrit ses premiers buts à Rio, Berlin ou Kinshasa, la sphère dorée n’a jamais suscité autant de convoitises, provoquant une véritable hystérisation des débats autour de l’identité de son futur vainqueur, des mois avant son attribution.
Confisqué depuis dix ans par les deux superstars globales et rivales que sont Lionel Messi et Cristiano Ronaldo (cinq sacres chacun) et après avoir cédé aux sirènes de la Fifa pour un co-branding lucratif mais esquintant, le ballon d’or a retrouvé un peu de son essence depuis trois ans avec un retour au format historique (180 journalistes internationaux spécialisés attribuent leurs votes) sous le giron exclusif du magazine France Football. Six Français champions du monde apparaissent dans la liste des 30 nommés cette année. Trois d’entre eux se démarquent un peu plus : les attaquants Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, co-meilleurs buteurs tricolores au Mondial (4 réalisations chacun), ainsi que le défenseur Raphaël Varane. Le ballon d’or récompense rarement les arrières – en 62 éditions, seuls les Allemands Franz Beckenbauer (1972 et 1976), Matthias Sammer (1996) et l’Italien Fabio Cannavaro (2006) ont triomphé – mais celui du Real Madrid affiche le plus beau palmarès des prétendants 2018 avec une Ligue des champions et une Coupe du monde. Le président de la FFF Noël Le Graët, et le triple ballon d’or Michel Platini (1983-1984-1985) aimeraient le voir soulever le trophée au Grand Palais, à Paris, lundi soir.
Vainqueur de la Ligue Europa, la « petite » Coupe d’Europe, avec l’Atlético de Madrid, Antoine Griezmann est engagé depuis plusieurs mois dans une véritable croisade médiatique. « Je ne suis pas obsédé par le ballon d’or, mais je veux le gagner », avoue-t-il.
Porté par sa jeunesse et son incroyable talent, Kylian Mbappé peut aussi y croire. S’il passe à côté, le crack du PSG se consolera avec le nouveau trophée Kopa, récompensant le meilleur jeune et déjà promis à celui que l’on compare au roi Pelé.
Si la force collective des Bleus fut le ciment de leur triomphe en Russie, elle pourrait les desservir dans la quête du ballon d’or. « Les Français sont nombreux parmi les nommés mais aucun ne se dégage nettement. Les votes pourraient être ventilés à leur détriment et en faveur d’un autre candidat », éclaire Pascal Ferré. Le rédacteur en chef de France Football connaît déjà le nom du lauréat, les votes ayant été clôturés le 9 novembre dernier. Désigné meilleur joueur de la Coupe du monde, joueur Fifa et UEFA 2018, le maître à jouer croate Luka Modric fait figure d’épouvantail pour les Bleus. A moins que son ex-coéquipier du Real Madrid (transféré depuis à la Juventus Turin) Cristiano Ronaldo ne coiffe tout le monde sur le poteau. Pour une sixième couronne inédite.