OBSESSION CLIMATIQUE
Gérald Darmanin ne dit pas que des bêtises. Autant le ministre en charge du Budget déraille quand il diagnostique une « peste brune » chez les « gilets jaunes » manifestant sur les ChampsElysées, autant il voit juste en reconnaissant qu’« on a loupé quelque chose dans l’explication de la taxe carbone ». Cette taxe qui déchaîne depuis deux semaines la colère populaire, et à laquelle le Président de la République s’accroche envers et contre tout. Cette taxe qui va encore augmenter le 1er janvier prochain, et doublera d’ici à 2022 pour renchérir sans cesse le prix de l’essence, du gazole et du fioul domestique.
Si les Français ont bien compris que ces prélèvements supplémentaires facilitaient les fins de mois de l’Etat, ils semblent moins convaincus du bien-fondé écologique de ce matraquage. Et on peut les comprendre. D’abord parce que notre pays émet moins de 1 % des gaz à effet de serre de la planète : même si on laissait au garage toutes les voitures de l’Hexagone, l’avenir de l’humanité n’en serait pas sensiblement changé. Ensuite parce que les dangers immédiats des énergies fossiles font débat. Le chiffre de 48 000 morts par an victimes de la pollution, que tout le gouvernement répète en boucle, est largement contesté (lire la chronique de François d’Orcival p. 42). Si les véhicules diesel et les chaudières au fioul faisaient vraiment autant de victimes, ne les aurait-on pas interdits depuis longtemps ?
Il est temps d’en finir avec l’écologie punitive. La France fait partie des bons élèves en matière de pollution, elle consomme nettement moins de pétrole qu’il y a vingt ans malgré l’augmentation de sa population et de son parc automobile. La meilleure isolation des habitations et la baisse de la consommation des voitures expliquent, entre autres, ces résultats. Il ne faut évidemment pas s’arrêter en si bon chemin, mais la nécessaire transition énergétique ne justifie pas qu’on prenne à la gorge tous ceux qui ne peuvent pas éviter de passer à la pompe. Seules deux solutions sont socialement acceptables : annuler les futures augmentations de taxes ou les compenser par une baisse équivalente des autres prélèvements pesant sur les mêmes contribuables. L’obsession climatique est mauvaise conseillère. Elle coupe Emmanuel Macron du peuple, hypothéquant gravement toute la suite du quinquennat. Elle le conduit aussi à faire des choix irrationnels comme la multiplication des éoliennes, ces moulins shootés de subventions qui ne fonctionnent que par intermittence mais défigurent en permanence nos paysages. Et pourtant, il est encore possible de résister aux diktats écologistes. Il y a quelques années, on nous expliquait qu’il fallait très vite réduire la part du nucléaire dans notre consommation d’énergie à 50 %, bien qu’il ne dégage aucun CO2, en raison de sa supposée dangerosité. Cela n’a pas empêché cette semaine le président de la République de repousser de dix ans l’échéance de ces 50 % (2035 au lieu de 2025). Sans que ce soit pour autant la fin du monde.