Le Figaro Magazine

BERTRAND CHAMAYOU, LE PIANO AUTREMENT

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Comment un pianiste malin et talentueux, qui aime s’amuser dans la vie comme dans la musique peut-il s’intéresser à Saint-Saëns, incarnatio­n même de l’académisme ? « Parce qu’on ne le connaît pas », répond Bertrand Chamayou. C’est en fouillant que l’on se rend compte que ce compositeu­r, adoubé au XIXe siècle et ringardisé au XXe, avait deux facettes. Derrière le musicien austère se cachait un globe-trotteur homosexuel. « Quand on trie dans sa musique qui est pléthoriqu­e, on y trouve des choses surprenant­es », continue-t-il. Au-delà de ses compositio­ns bien faites où rien ne dépasse (et dont se sont détournés les musiciens pour qui

« elle commence comme du Bach et se termine comme du Offenbach »), on trouve des perles qui révèlent en filigrane son attrait pour l’Orient.

« Comme quoi on peut être académique et avoir des chemins de traverse », insiste Chamayou. Son nouveau disque (Erato) en est l’image. Outre deux concertos pour piano qu’il interprète souvent en concert, il a choisi, parmi l’immense somme laissée par le compositeu­r, sept petites oeuvres pour piano solo. Un album de haute volée. Mais s’il paraît le satisfaire, l’homme a déjà la tête ailleurs. C’est qu’à l’image de Saint-Saëns, Bertrand Chamayou est un être aux multiples facettes. Ce qui l’intéresse, « c’est la diversité ». A preuve, son désir de sortir la musique classique de son académisme ronflant. Ainsi, après Chambéry le 15 septembre, il sera sur scène à Toulouse le 19, pour le festival Piano aux Jacobins, avec la danseuse Elodie Sicard afin de reprendre les premières oeuvres du compositeu­r américain John Cage *. Et pour ne pas toujours jouer les mêmes choses, il a passé commande à des compositeu­rs contempora­ins comme Wolfgang Rihm ou Michael Jarrell.

* Et aussi gala d’ouverture à La Scala Paris, Aux armes, contempora­ins ! (22 septembre).

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