VIRUS PLANÉTAIRE
★★★ LA GRANDE TUEUSE. COMMENT LA GRIPPE ESPAGNOLE A CHANGÉ LE MONDE, de Laura Spinney, Albin Michel, 414 p., 24 €.
★★★ LA GRANDE GRIPPE. 1918, LA PIRE ÉPIDÉMIE DU SIÈCLE, de Freddy Vinet, Vendémiaire, 260 p., 22 €.
La grippe qui emporta Guillaume Apollinaire est la grande absente des commémorations de la Première Guerre mondiale. Pourtant, du printemps 1918 à la fin de l’année suivante, elle a fait entre 50 et
100 millions de victimes ; la Grande Guerre, elle, 17 millions. Mais en France, elle a tué six fois moins (250 000 morts à comparer aux
1 350 000 morts du conflit). Aussi, les yeux rivés sur la fin des hostilités, les contemporains passèrent-ils à côté de la première pandémie mondiale – traitée au début par la dérision – et la plus grande tragédie démographique de l’histoire. Deux livres réparent ce long oubli. La Grande Grippe, de l’universitaire Freddy Vinet, spécialiste de la gestion des catastrophes, dresse un tableau clinique de la « catastrophe oubliée », propagée de port en port et sur les routes par les déplacements de millions de soldats et civils. La Grande Tueuse, de la Britannique Laura Spinney, est un tour du monde journalistique sur les traces d’un virus qui n’avait rien d’« espagnol », puisque son premier foyer est sans doute un camp militaire du Kansas. Les deux auteurs s’accordent pour envisager une prochaine rencontre morbide inéluctable entre l’homme et le virus H1N1. Sans pouvoir ni la dater, ni prévoir sa dangerosité.