LES RENDEZ-VOUS
L’expert en questions de stratégie et de défense décrit avec force les enjeux de civilisation auxquels l’Europe et la France sont aujourd’hui confrontées.
de J-R Van der Plaetsen
Il aime l’armée française et il l’assume. Alors que la pensée dominante continue volontiers de voir en tout officier une brute galonnée, il faut une forme de courage pour défendre aujourd’hui la communauté militaire. Pierre Servent le fait depuis des années, et il le fait bien. Au point que, après avoir donné pendant vingt ans des cours à l’Ecole de guerre, cet expert des questions de stratégie et de défense est devenu consultant attitré de plusieurs chaînes télévisées. Colonel Orsem (officier de réserve spécialiste d’étatmajor), Servent connaît l’armée française de fond en comble. C’està-dire les hommes, gradés ou non, les circuits de décision, les missions et les enjeux auxquels celle-ci est – et sera – confrontée. Et il en parle sans langue de bois, mais avec le sens de la mesure, comme le prouve Cinquante nuances de guerre, qui fait suite à Extension du domaine de la guerre, ouvrage très commenté lors de sa sortie il y a deux ans.
La phrase du livre à retenir (p. 269) :
“Daech est un mouvement transcendantal à vocation radicale : il ne lâche rien et il ne lâchera rien” CINQUANTE NUANCES DE GUERRE, de Pierre Servent, Robert Laffont, 375 p., 21 €.
Dans son dernier livre, il dresse l’inventaire de toutes les menaces, conséquences de la montée de la barbarie, qui pèsent aujourd’hui sur l’Europe et, plus généralement, sur la civilisation judéo-chrétienne. Si tout le monde ou presque s’accorde sur ce constat, la réponse apportée par Servent mérite examen. Selon lui, c’est de l’Europe que peut venir la solution. « L’Union, dit-il, reste un des rares pôles de vertus démocratiques dans un monde de brutes. » Mais comment régler la crise migratoire ? « Il faut une réponse européenne – politique, militaire et sécuritaire – à ce problème qui, si nous ne le traitons pas maintenant, nous occupera pendant cinquante ans ; hélas, nous n’en prenons pas le chemin… » Et d’ajouter : « Attention à l’arrogance qui consiste à penser que l’on peut se passer de nos racines. L’homme occidental n’est pas sans mémoire. » Pour autant, Servent voit l’avenir avec confiance car il croit en l’excellence de notre armée et de ses soldats. Tant qu’il y aura des Beltrame…