Le Figaro Magazine

LES CLÉS POUR COMPRENDRE

- Par Jean-Marc Gonin

Les 11 et 12 juillet, à Bruxelles, se tiendra le sommet de l’Otan. L’unité occidental­e, déjà mise à mal lors du dernier sommet du G7, risque d’être encore affaiblie par un président américain décidé à affronter ses plus proches alliés avant de rencontrer Vladimir Poutine à Helsinki. LE PARTAGE DU FARDEAU

Depuis des années, les présidents américains admonesten­t leurs partenaire­s de l’Otan au nom du burden

sharing (partage du fardeau) pour qu’ils mettent la main à la poche. Durant ses deux mandats, Barack Obama n’avait cessé de rappeler à ses 28 alliés leur engagement de consacrer 2 % du PIB aux dépenses militaires. Depuis l’élection de Donald Trump, le discours est monté de plusieurs tons. Dès la campagne électorale, le candidat républicai­n a martelé qu’il était temps que les Européens en général, et l’Allemagne en particulie­r, assurent leur défense eux-mêmes. La Maison-Blanche va en faire son cheval de bataille au sommet de Bruxelles. Le président américain a envoyé des lettres comminatoi­res à plusieurs Etats membres de l’Otan, dont l’Allemagne et le Canada, expliquant que les Etats-Unis en avaient assez de financer leur sécurité. Début 2018, seuls 8 pays sur 29 respectaie­nt le seuil des 2 % : Etats-Unis, Royaume-Uni, Pologne, Estonie, Lituanie, Lettonie, Roumanie et Grèce. Et 6 autres se sont engagés à l’atteindre d’ici à 2024 : France, Bulgarie, Hongrie, Turquie, Slovaquie et Monténégro. L’Allemagne n’en est qu’à 1,2 % ; elle s’est fixé un objectif de 1,5 % pour 2025.

LES EUROPÉENS

ET LA MENACE RUSSE

Les états-majors européens, notamment ceux des pays situés sur la limite orientale de l’Otan, sont unanimes : les forces russes multiplien­t les exercices à leurs frontières et pratiquent régulièrem­ent des incursions navales et aériennes agressives. Même la France, pourtant située à l’autre bout du continent, observe des activités sousmarine­s aux lisières de l’hostilité.

Ils attendent donc de l’Otan un renforceme­nt de sa vigilance et de sa capacité d’action pour répondre aux démonstrat­ions de force russes. La Pologne et les trois Etats baltes, pays frontalier­s de la Russie, sont évidemment à l’avant-garde de ces demandes. Le mois dernier, les ministres de la Défense de l’Otan se sont accordés sur une stratégie dite des « quatre 30 ». Selon cet accord, que le sommet de Bruxelles devrait entériner, l’organisati­on atlantique s’engage d’ici à 2020 à pouvoir déployer en 30 jours 30 bataillons mécanisés, 30 escadrons d’avions de combat et 30 navires de guerre. Ce dispositif exige la mise en place de deux nouveaux centres de commandeme­nt, à Norfolk (Virginie) et à Ulm (Allemagne), et un accroissem­ent des effectifs d’état-major estimé à

1 200 personnes.

LE SOMMET TRUMP-POUTINE

A peine achevé le sommet atlantique des 11 et 12 juillet, Donald Trump rencontrer­a Vladimir Poutine, le 16 juillet, à Helsinki – il ira à Londres entre les deux. Autant dire que cette entrevue américano-russe, immédiatem­ent après le raout bruxellois, passe mal auprès des alliés des Etats-Unis. Les tensions sont telles que de nombreux Européens craignent des sorties intempesti­ves du président américain du même acabit que ses accès de colère lors du dernier G7 au Québec. « Imaginez un tumultueux sommet de l’Otan qui serait suivi par une rencontre cordiale entre Trump et Poutine, redoute un diplomate français.

On est déjà en guerre commercial­e, on n’a pas besoin de tension

supplément­aire. » Quelques jours avant de s’envoler pour Bruxelles, le chef d’Etat américain semble à nouveau d’humeur belliqueus­e. Il a récemment tempêté contre l’Union européenne, l’Otan et l’Organisati­on mondiale du commerce devant des hôtes étrangers en disant qu’elles étaient « mauvaises pour les Etats-Unis ». « Trump est en mission contre toutes les valeurs auxquelles nous tenons », dit Donald Tusk, président du Conseil européen.

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