LES RENDEZ-VOUS
La directrice de la « Revue des Deux Mondes », qui fut aussi celle de « Elle », publie un roman sur la mémoire enfouie d’une femme d’aujourd’hui.
de J.-R. Van der Plaetsen
Valérie Toranian est une femme de notre temps. Jusqu’au bout des ongles. Jusqu’au bout de ses longs cheveux bouclés dont la frange lui recouvre le front. Il faut lire son nouveau roman pour comprendre combien le quotidien d’une femme d’aujourd’hui est à la fois compliqué, haletant et fragile, du fait de sa recherche perpétuelle de l’équilibre : nécessité de conjuguer carrière professionnelle et vie de famille, désirs d’épouse et devoirs de mère, sans oublier la volonté de mener une existence intérieure accomplie, faite de lectures, d’embardées fréquentes dans le domaine de la psychologie, et des conseils de ces vieilles copines qui ont un avis sur tout et vous compliquent les jours et les nuits. Tout cela, l’ex-directrice de la rédaction de Elle le sait mieux que quiconque et le décrit parfaitement dans un livre qui est à l’image de ces secrétaires du XIXe siècle pleins de mécanismes complexes et de tiroirs
“Tu fais un burn-out, la maladie des femmes modernes, qui veulent tout, qui ne lâchent rien et qui se pensent invincibles” UNE FILLE BIEN, de Valérie Toranian, Flammarion, 270 p., 19 €.
secrets. « Ce qui m’intéresse, dit-elle, c’est pourquoi et comment notre société pousse les femmes à un perpétuel devoir d’exigence. »
Depuis son départ de Elle, il y a un peu plus de trois ans, Valérie Toranian a changé de vie. Devenue directrice de la Revue des Deux Mondes – cette belle endormie qu’elle a décidé de réveiller à coups de débats sur les sujets qui fâchent –, elle a mis en veilleuse son engagement féministe au profit d’autres combats sur les questions qui fracturent notre société. L’histoire, la laïcité, l’islam, le déterminisme familial et social, l’urbanisme ou l’école : tout est matière pour elle à réflexion et discussion. Sa mémoire arménienne la guide dans ses choix et ses convictions – sans doute aussi la présence à ses côtés depuis plusieurs années de Franz-Olivier Giesbert, l’homme qu’elle aime et qu’elle va épouser au mois de juin. Valérie Toranian est une battante. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à l’héroïne d’Une fille bien.