LA MAIN DANS LE SAC
★★★ RETOUR À LA POUSSIÈRE, de Matt Goldman, Calmann-Lévy, 318 p., 20,90 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Estelle Roudet.
Par une froide matinée d’hiver, le privé Nils Shapiro est tiré de sa couette par le coup de fil d’un de ses ex-collègues de la police de Minneapolis, qui bute sur une affaire criminelle pas banale. Une femme gît dans sa chambre, assassinée. Mais toute la scène de crime est recouverte d’une épaisse couche de poussière grisâtre et duveteuse, provenant d’une multitude de sacs d’aspirateur éventrés, qui rend toute analyse ADN vaine et inefficace. Aucune preuve, peu d’indices, des suspects improbables et des secrets bien gardés : l’intrépide Philip Marlowe du Minnesota se lance alors dans une enquête brumeuse à souhait… Entre deux thrillers sanguinolents, mettant en scène des tueurs en série de plus en plus sauvages et désinhibés, il est agréable de se plonger parfois dans un roman noir de facture plus classique, reposant sur les rouages bien huilés d’une intrigue maligne et sophistiquée. Ce Retour à la poussière plein d’humour, d’impertinence et de suspense, astucieusement construit autour d’un cadavre submergé d’acariens, est à ce titre un modèle du genre, et impose son personnage principal (dont c’est ici la première enquête) comme un nouveau héros potentiel du polar américain.
PHILIPPE BLANCHET