SALADE ROMAINE
Pourquoi les femmes sont-elles toujours déçues par les hommes ? » C’est vrai ça, pourquoi ? Alessandro Piperno a le don de poser les questions qui fâchent. Encore méconnu en France, cet Italien spécialiste de Proust a été traduit pour la première fois chez nous en 2006 : Avec les pires intentions était un roman cinglant sur la bourgeoisie romaine. Puis est arrivé son grand diptyque, Persécution et inséparables, dans lequel un père de famille, avocat reconnu, est accusé de viol et entame une longue descente aux enfers. Piperno a beau adorer Proust, son maître est de toute évidence Philip Roth. Humour juif haut en couleur, ironie corrosive, acuité dérangeante, l’auteur passe au Kärcher les grands mythes du couple et de la famille. Il remet le couvert avec Là où l’histoire se termine, qui voit un fanfaron italien digne de Gassman dans le film du même nom, de retour des Etats-Unis fauché comme les blés, retrouver l’une de ses ex-femmes et provoquer le rejet immédiat de son fils, à la tête d’un restaurant huppé, comme de sa fille en couple avec un jeune bourgeois idiot. Tout cela va de mal en pis, bien sûr, jusqu’à une fin dantesque. Curieusement, on ne cesse de rire face à ces désastres : la plume ultrabrillante de Piperno est bien trop maligne et méchante pour tomber dans l’atermoiement.
Là où l’histoire se termine, d’Alessandro Piperno, Liana Levi, 304 p., 21 €. Traduit de l’italien par Fanchita Gonzalez Batlle.