Le Figaro Magazine

En vue : Jean-Michel Blanquer

Le ministre de l’Education réduit ses congés au minimum pour préparer une rentrée qui marquera la fin de l’ère Vallaud-Belkacem.

- • JUDITH WAINTRAUB

Pour Jean-Michel Blanquer, il n’y aura pas, en août, de « vraies » vacances, mais simplement, selon son entourage, des « week-ends prolongés

» en famille. Prolongés et « studieux »,

puisqu’en cette fin de semaine, le ministre de l’Education doit être à La Réunion pour vérifier que la rentrée scolaire s’y est bien déroulée.

Le « quatrième ministre de droite du gouverneme­nt », comme l’appelle son collègue des Comptes publics Gérald Darmanin, n’a pas l’intention de perdre une minute pour remettre sur pied le grand corps malade de l’Education nationale. Le dédoubleme­nt des classes de CP en zone prioritair­e et les « devoirs faits » commencero­nt d’être mis en place dès cette année. Najat Vallaud-Belkacem avait bien raison de grimacer en apprenant que l’ancien directeur de l’Essec lui succéderai­t Rue de Grenelle : convaincu qu’« aujourd’hui, le système scolaire français est le plus inégalitai­re de toute l’OCDE »,

il compte rétablir à peu près tout ce qu’elle a supprimé au nom de sa croisade contre l’« élitisme ».

A la rentrée, les collèges qui le souhaitero­nt pourront restaurer les classes bilangues et l’enseigneme­nt du grec et du latin. Le système des fameux enseigneme­nts pratiques interdisci­plinaires (EPI) sera maintenu, mais sans thématique­s ni nombre imposés. Ils risquent d’y perdre en pittoresqu­e… Jean-Michel Blanquer va-t-il mener à l’Education la « révolution conservatr­ice » promise par François Fillon ? Ami du nouveau ministre et proche de l’ex-candidat de la droite, Jean de Boishue affirme que « l’une des premières qualités de Jean-Michel Blanquer » est de n’être « ni idéologue ni militant » : « Il recherche le consensus, parce qu’il a parfaiteme­nt compris que l’Education nationale ne se réformait pas au doigt et à l’oeil. »

Moins souvent cité que François Baroin parmi les – nombreux – amis de droite du nouveau ministre, Jean de Boishue a joué un rôle essentiel dans sa carrière puisque c’est lui qui l’a recruté en 2004 comme recteur de la Guyane. Le ministre de l’Education Xavier Darcos l’avait chargé de « trouver des recteurs qui ne rêvent pas du poste, contrairem­ent à la plupart des mandarins de l’université ». Jean-Michel Blanquer, alors directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, était si peu « intéressé » qu’il avait commencé par refuser l’offre.

Treize ans plus tard, après sa nomination Rue de Grenelle, il n’a pas mis dix minutes à remercier Jean de Boishue. « Je n’oublie pas que c’est grâce à vous », lui a-t-il écrit par SMS. La fidélité fait aussi partie des qualités du nouveau ministre de l’Education.

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Le nouveau locataire de la Rue de Grenelle n’est pas un « idéologue » de l’éducation.

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