AFFREUX, SALE ET MÉCHANT
Ainsi, moi qui, tout jeune, ai cru que j’étais quelque chose sur cette Terre, ai-je entrepris de faire couler des torrents de sang quand ma pauvre mère a été outragée, et j’y suis parvenu à merveille ! » Pas de doute, nous sommes bien en Italie, dans le sud, précisément, entre 1861 et 1864. Ma vie de brigand est le récit autobiographique de Carmine Donatello Crocco, héros du « Grand Brigandage », guérilla transalpine qui, à l’ouest de Naples, lutta contre l’unification de l’Italie menée par Victor-Emmanuel de Piémont-Sardaigne, de la maison de Savoie, et soutenait le Bourbon François II, qui, réfugié à Rome, tentait de diriger les partisans de la Restauration. Dont Crocco, qui, à la tête d’une armée de péquenauds, mit la province du Basilicate à feu et à sang comme un Robin des Bois rustique et un poil plus violent. Passionnante, exagérée, hilarante, son histoire forcément romancée raconte les batailles, les victoires et les échecs avec un esprit bouffon très italien : sa vie aurait pu être transposée à l’écran par Dino Risi avec Vittorio Gassman dans le rôle principal. Ainsi, lorsqu’il envoie une lettre de menace à un opposant, reçoit-il une demi-heure plus tard la réponse suivante : « Cher Petit Carmine, […] Comme nous sommes abondamment fournis en cartouches et que nous souhaitons éprouver notre poudre et notre courage, nous attendons que tu viennes avec tes petits bergers, que nous nous ferons le plaisir de massacrer. » On s’attend presque à ce qu’il signe : « E Vaffanculo ! »
Ma vie de brigand, de Carmine Crocco, Anacharsis. 155 p., 18 €. Traduit de l’italien par Laura Brignon.