5 À 10 % DES FRANÇAIS ONT DES DIGESTIONS DOULOUREUSES
l’estomac peut remonter vers l’oesophage, entraînant des douleurs, des remontées acides ou amères, des toux… c’est le reflux gastro-oesophagien. Il est favorisé par les repas trop copieux ou trop épicés, l’alcool ou encore les boissons gazeuses… Les aliments impliqués dans les remontées acides sont variables selon les individus, mais l’on retrouve souvent le pain frais, les poissons gras, la menthe, les choux, les oignons, le jus de tomate…
Le fameux microbiote.
Au niveau de l’intestin, rien ne serait possible sans notre microbiote ou flore intestinale. « Lorsqu’on aborde la digestion, on parle souvent de la mastication de l’estomac et de la bile, mais on oublie le microbiote », explique le Dr Jacqueline Warnet, gastro-entérologue qui a coécrit Les Secrets de l’intestin. Le filtre de notre corps (Albin Michel). « Notre système digestif n’est pas complet et la digestion est possible uniquement grâce à nos bactéries endogènes équipées du capital enzymatique qui nous manque » , surenchérit le Dr Pierre Nys, endocrinologue, gastro-entérologue auteur de Plus jamais mal au ventre, le régime Fodmaps (Editions Leduc).
Les 100 000 milliards de bactéries qui composent notre flore intestinale vont, entre autres, favoriser l’assimilation des nutriments, assurer l’hydrolyse de l’amidon, de la cellulose, des polysaccharides. « De plus, le microbiote va permettre la fermentation des substrats et des résidus alimentaires non digestibles au niveau du côlon. Sur 100 grammes d’aliments, il faut savoir que nous en rejetons 40 » , souligne le Pr Robert Benamouzig, chef du service
gastroentérologie à l’hôpital Avicenne à Bobigny. Cette action de fermentation entraîne la production de gaz intestinaux. « Chaque personne émet entre 0,5 litre et 1 litre de gaz par jour, soit une quinzaine de pets en moyenne, témoins de l’activité physiologique parfaitement naturelle des bactéries intestinales » , explique le Dr Pierre Nys. Mais certains aliments fermentent plus que d’autres dans l’intestin et sont particulièrement susceptibles de provoquer des flatulences. C’est le cas des légumes secs comme les haricots blancs, les pois chiches, les lentilles ou de certains légumes comme les choux, le vert des poireaux ou encore les topinambours qui reviennent à la mode… Tous ces aliments sont riches en fibres non solubles qui vont fermenter et créer des flatulences.
Mais une gêne légère peut s’aggraver
: « Lorsque le microbiote est déséquilibré (pauvreté bactérienne et perte de la diversité, présence de bactéries pathogènes), la digestion n’est pas réalisable sans manifestations bruyantes et/ou douloureuses. Notre alimentation doit donc nourrir notre corps et notre intestin. Ce qui signifie apporter des fibres contenant des amidons résistants, des fructanes, des polyols en quantité adaptée aux besoins de chaque personne » , précise le Dr Jacqueline Warnet. La prise de probiotiques est aussi recommandée par la spécialiste.
La digestion peut même virer à l’épreuve pour les 5 à 10 % de Français qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable. Ballonnements, flatulences, diarrhée, constipation… pour les deux tiers des personnes concernées, les signes de la maladie sont directement liés à l’alimentation. Des études récentes ont montré que certains sucres et hydrates de carbone dit fermentescibles ou fodmaps pouvaient favoriser les douleurs, ballonnements et diarrhées. C’est par exemple le cas du fructose, très présent dans les pommes, les poires, les fruits secs, le miel ; du lactose du lait, des galactanes et fructanes présents dans les préparations à base de farine mais aussi les choux, l’ail, les oignons… La liste est longue des aliments qu’il faut éviter lorsqu’on attaque un régime pauvre en fodmaps. « Les régimes sans lactose ou sans gluten sont presque plus faciles à suivre » , estime le Pr Jean-Marc Sabaté auteur de Intestin irritable, les raisons de la colère (Editions Larousse). Le gluten que l’on trouve dans les céréales comme le blé s’est depuis longtemps hissé à la place des aliments jugés néfastes pour notre tube digestif. Chez 1 % de la population, il est responsable de la maladie coeliaque et détruit les villosités intestinales. Mais 5 millions de Français auraient aujourd’hui adopté le régime sans gluten avec l’objectif, semble-t-il, de retrouver un certain confort intestinal.