Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Il vole une femme... Le mari, professeur de MMA, le rattrape

- • Julie Eslan

Quand il entre dans le box des accusés, Christophe ne porte aucune trace visible de blessure. Ce lundi 6 mai 2024, cet homme de 47 ans comparaît devant le tribunal de Versailles pour extorsion par menace et port d’arme blanche sans motif légitime.

Mais, le 2 mai 2024, date des faits qui lui sont reprochés, il a déjà été puni… par le retour de bâton du mari de la victime.

Une extorsion au couteau devant la banque

Ce jeudi en question, une femme se rend à la Banque populaire de Maurepas pour y déposer des chèques. Il est 19 h 15.

Un homme rentre, va à sa rencontre, lui réclame de l’argent et lui montre un objet noir et blanc au niveau de sa veste. La victime précise que l’agresseur « sent l’alcool ».

La victime prend peur, sort de la banque et lance « une poignée de pièces » à Christophe B. dans l’espoir de la calmer. Visiblemen­t, ça fonctionne. L’agresseur se réfugie dans un bar à proximité. La victime peut s’enfuir.

Le mari fait justice lui-même

À 19 h 21, les caméras de surveillan­ce montrent l’arrivée du mari de la victime. Il reconnaît l’agresseur grâce à la descriptio­n donnée par sa femme. Professeur de MMA, il lui assène un coup de coude au visage. Christophe B. tombe immédiatem­ent.

Le mari fouille les poches de ce dernier, trouve un couteau et lui donne un dernier coup de pied. C’est lui qui appelle ensuite la police.

«Je ne me souviens de rien»

Quand la présidente du tribunal demande à Christophe B. le motif de son acte, sa réponse est pour le moins étonnante.

Après son interpella­tion, il est contrôlé à 1,36 g d’alcool dans le sang. Il affirme ne se rappeler ni des faits qui lui sont reprochés ni de la violence qu’il a subie par la suite : «Mais si la victime le dit,c’est que ça doit être vrai ».

Ce lundi 6 mai, le prévenu a encore du mal à parler des événements. Les mains derrière le dos, il peine à s’exprimer et à regarder la présidente du tribunal. «Si j’avais été dans mon état normal, je n’aurais jamais fait ça », clame-t-il, les yeux baissés.

29 mentions au casier judiciaire

La présidente du tribunal est contrainte de survoler le casier judiciaire de Christophe B. Et pour cause, il contient 29 mentions en 30 ans (entre 1993 et 2023). Vingt d’entre elles concernent des faits similaires. Il est donc en récidive légale. Sa première incarcérat­ion s’est déroulée quand il avait 13 ans. La dernière s’est terminée en novembre 2023.

10 mois de prison ferme

«Les ravages de l’alcool, ce ne sont pas des clichés », affirme la procureure de la République. Elle confie qu’il est difficile pour elle de « trouver des excuses » au prévenu. Elle demande une peine d’un an d’emprisonne­ment.

L’avocate de Christophe B. le décrit comme un homme « détruit par la vie ».

Le tribunal rend son verdict et condamne Christophe B. à 10 mois de prison avec maintien en détention. Le tout assorti d’une interdicti­on de détenir une arme pendant 1 an.

❝ « J’avais bu quelques bières ce jour-là. Ça faisait plus de 5 ans que je n’avais pas bu. Je ne me souviens de rien ». CHRISTOPHE B.

❝ « Il est SDF, il a un contexte d’addiction. Il ne nie pas le port de l’arme, cependant, le couteau n’a jamais été dégainé. L’extorsion, idem, il ne la nie pas. Il dit simplement qu’il n’a pas de souvenir, mais a l’honnêteté de ne pas remettre en cause les dires de la victime ». L’AVOCATE DU PRÉVENU

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