Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Avec la fin de Boxy, ces épiceries ouvertes 24 h/24, la peur du désert commercial
Les six épiceries autonomes Boxy implantées dans les Yvelines vont disparaître, comme toutes celles installées en Île-de-France. Elles laissent une clientèle « trop triste ».
Boxy, reconnaissable à ses conteneurs rouges implantés au coin des rues, va baisser définitivement le rideau. Les 31 épiceries autonomes implantées en Île-de-France disparaîtront progressivement à partir de fin mars, début avril 2024.
Issou, Gargenville, Limay, Vernouillet, Le Pecq et Le ChesnayRocquencourt : on trouve six Boxy dans le département des Yvelines. Elles cesseront d’être achalandées dans les prochains jours. L’exploitant a décidé de mettre fin à cette activité pour en développer une autre, à destination des professionnels.
Un commerce d’appoint autonome
Ouverts 24 h/24, 7 jours/7, ces commerces d’appoint, sans personnel grâce à un système de paiement par application mobile, étaient parvenus à se constituer une clientèle.
Comme à Issou, où l’installation remonte à fin janvier 2022. À mi-chemin de la gare et du collège, le Boxy dépannait autant les jeunes sur le chemin de l’école que ceux qui s’en allaient au travail en train.
«C’était bien pratique »
«Je suis trop dégoûtée! C’était trop bien!», s’exclamait Laura, 19 ans, en apprenant la nouvelle, jeudi 21 mars 2024 dans la soirée, devant la petite boutique de couleur criarde, dont le retrait était prévu dès le 25 mars.
« Je suis trop triste, j’aimais trop, renchérit sa copine Noëllie. Depuis que Lidl a fermé, on n’a plus que la boulangerie. C’était bien pratique. »
Se déplaçant toutes les deux à trottinette électrique, le périmètre est restreint pour faire leurs petites emplettes : « L’épicerie la plus proche est à Gargenville. C’est plus loin. En plus ça ferme tôt. »
Même déception chez Ambre, une adolescente sortant de là un paquet de barres chocolatées à la main : « Je viens souvent après les cours prendre des boissons, des petits trucs à manger. Sinon, il n’y a pas grand-chose dans le coin. »
Le maire d’Issou « perplexe »
Issou, 4 200 habitants n’a aucune supérette. Informé début mars 2024 de la disparition de Boxy, le maire Lionel Giraud se montre « perplexe » face au choix de l’entreprise. « Il y a un décalage entre ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, déplore l’élu. Il y a quelques mois encore, elle annonçait vouloir développer le concept sur le territoire national. »
«Cette décision ne relève pas d’un insuccès commercial, les clientèles ciblées ayant montré, comme à Issou, leur intérêt permanent et concret pour un tel équipement», abonde-t-il par ailleurs dans un communiqué.
À Gargenville, la ville voisine, le maire Yann Perron « regrette » ce départ, même si une supérette s’installera dans la commune prochainement.
Pourquoi cette fermeture?
La start-up derrière Boxy veut désormais se «recentrer» sur le service aux professionnels, à travers des « micro-magasins » installés dans les bureaux, les salles de sport, les hôtels, les campings.
«Cela exige un engagement assez fort de notre part, rendant impossible le maintien de ces deux activités en parallèle, fait-elle savoir. Nous sommes conscients que cette décision, prise à contrecoeur, peut décevoir nos clients, nos partenaires ainsi que les équipes municipales. »
Le contexte économique, rongé par l’inflation, a également pesé dans la balance.
❝ « Je suis étonné tout de même, car les derniers chiffres communiqués par la marque étaient en progression. » YANN PERRON, MAIRE DE GARGENVILLE