Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’hommage romanesque d’un Carriérois à son père inconnu

- T.R.

À 75 ans, Patrick Denys, Breton installé à Carrières-sous-poissy depuis trente ans, vient de publier son premier roman intitulé Père inconnu. un émouvant récit autobiogra­phique.

« C’est un roman avec une part autobiogra­phique et une part de fiction. » Cinq ans après la parution d’epidaure, son recueil de nouvelles inspirées de la tragédie grecque transposée­s dans la vie moderne, Patrick Denys, ancien chef d’entreprise, signe son premier roman, Père inconnu, paru aux éditions Grasset. « Les premiers retours de lecteurs sont plutôt positifs, confie ce natif du Finistère et installé à Carrières-sous-poissy depuis trente ans. Ils insistent sur l’émotion. C’est aussi un coup de coeur de plusieurs libraires. »

« C’est désepréran­t »

À l’image de son personnage principal, Paul, Patrick Denys n’a jamais connu son père et il en a souffert. Ce cri du coeur, il a d’abord voulu le consigner dans une lettre. « J’ai mis un an à l’écrire. Et puis, j’ai commencé à imaginer le point de vue des personnage­s qui ont gravité autour de mon père. Cela m’a permis de donner un côté polyphoniq­ue au récit en entrecoupa­nt la lettre de fiction. » Dans le roman, c’est donc Paul qui signe la lettre au père.

Le livre traduit le sentiment d’humiliatio­n du fils : « Ni le père, ni la mère ne lui ont donné leur nom. C’est insupporta­ble de ne pas savoir qui l’on est, c’est désespéran­t. » Dénys est un nom d’empreint

L’intrigue se déroule dans le contexte de l’exode de 1940, dans le Finistère, (Patrick Denys est né en 1941 à Bénodet) au milieu des mouvements autonomist­es et de la Résistance. Une jeune femme, Dorine, rencontre Ludovic, capitaine de l’armée française qui a réussi à échapper aux nazis qui voulaient l’expédier en Allemagne.

Entre les deux, c’est le coup de foudre. Un enfant naît de cette union : Paul. Le problème, c’est que Dorine est mariée et Ludovic est recteur de paroisse dans le civil. « C’est en quelque sorte Jean-paul Belmondo dans Léon Morin prêtre », commente Patrick Denys. Très vite, le scandale de cette liaison éclate et cette belle histoire d’amour se transforme, au nom de la bien-pensance, en pure tragédie pour les protagonis­tes.

« Tout se termine dans l’apaisement »

C’est l’occasion pour Patrick Denys d’aborder un autre thème : celui du carcan des institutio­ns religieuse­s. Psychologu­e de formation, l’auteur est aussi passionné par la philosophi­e et la théologie. « On ne peut pas balayer d’un revers de la main le phénomène religieux : qu’est-ce que la vérité ? Le bien et le mal ? Y a-t-il des raisons d’espérer quelque chose après la mort ? » Autant de questions fondamenta­les qui, selon lui, sont occultées par une forme d’obsession commune à bon nombre de religions : le tabou de la sexualité.

Dans son roman, l’auteur dénonce clairement les méfaits de l’intégrisme et de la pensée réactionna­ire sur les individus. « J’évoque notamment le couprant du Vatican 2 et la décption de ces personnali­tés qui ont voulu repenser la question du célibat des prêtres et réfléchir à une autre forme de l’église. »

Malgré les apparences, l’histoire se veut optimiste. Paul, à l’image de l’auteur, finit par découvrir la véritable personnali­té de son père. « Tout au long du travail d’écriture, Paul et moimême, nous sommes en relation intime avec un homme que nous n’avons pas connu. Et à force de fouiller dans les lettres, les photos, etc., les liens se tissent. Le sentiment de violence ressenti au départ se transforme et tout se termine dans l’apaisement, la sérénité et la tolérance. »

Paul comme Patrick découvre que leur père était un homme « bon, intelligen­t, courageux, doté d’une forte personnali­té. » « Un homme qui a su être dans la transgress­ion, cellelà même qui a éclaté en 1968 avec ce message : « Laissez nous vivre ! ». Et Patrick de conclure « Quand j’ai découvert ça, j’ai éprouvé une vrai admiration pour cet homme ».

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Patrick Denys signe un premier roman aux accents autobiogra­phiques émouvants chez Grasset : Père Inconnu.
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