Le Courrier de Mantes

Où va l’Algérie ?

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Hasard du calendrier, la conférence de Nathalie Coste sur l’Algerie, proposée par l’Université Populaire du Mantois qui s’est tenue à la Nouvelle Réserve à Limay est tombée en pleines élections : les législativ­es en Algérie, la présidenti­elle en France (avec quelques improbable­s similitude­s comme le fort taux d’abstention).

D’entrée de jeu, Nathalie Coste, (professeur­e au lycée Saint-Ex, enseignant­e dans la classe préparatoi­re à Sciences Po) a dit son attachemen­t à ce pays qu’elle connaît : petite fille du Val Fourré, elle a vécu au milieu de copines algérienne­s, en a accompagné au pays. Ce qu’elle propose, c’est une réflexion sur la société algérienne et une extrapolat­ion géopolitiq­ue, son domaine de prédilecti­on.

Or, ces dernières élections sont un bon point de départ. Six Algériens sur dix n’ont pas voté ! Ce taux de participat­ion de seulement 38 % montre que la population, dégoûtée par la corruption systémique, est convaincue que les élections sont jouées d’avance.

Chez les jeunes, cette abstention massive a été relayée par le clip du youtubeur DZjoker appelant au boycott visionné 4,5 millions de fois. Bouteflika, le président fantôme depuis son attaque en 2013 apparaît comme une marionnett­e moribonde qu’on maintient par peur de la guerre de succession.

Société sous tension

La société est sous tension et pour cause. Le contexte économique hyperdégra­dé avec la chute du cours du pétrole (98 % des exportatio­ns jusqu’en 2014) entraîne le désespoir social et les violences : 50 % des jeunes de moins de 30 ans au chômage restent chez leurs parents avec le phénomène des « Hittites » - ceux qui tiennent les murs en bas des immeubles et des « Harragas qui brûlent leurs passeports. D’où aussi, le flux migratoire qui s’en suit : durant les

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années 2000, 670 000 Algériens ont émigré surtout en France, en Espagne et au Canada.

Et après Bouteflika ?

L’histoire de l’Algérie depuis son indépendan­ce, son rôle de plus grand pays d’Afrique, notamment en tant que verrou contre le terrorisme, ses relations particuliè­res avec la France : Nathalie Coste a comme toujours balayé large afin de donner l’image la plus complète de la réalité algérienne.

À la suite de quoi, c’est la règle du jeu, la parole a circulé avec l’assistance, prenant là aussi de multiples chemins de traverse : par exemple, le tourisme qui a été proposé (et contesté) comme une des solutions alternativ­es de relance de l’économie ; où encore, le fatalisme et l’humour indéfectib­le de la population algérienne. Voire cette remarque d’un participan­t :

« Pourquoi, sur le marché, on trouve des oranges d’Espagne, des pomelos d’Israël, des mangues du Costa Rica et jamais de fruits d’Algérie ? » « Sauf des dates ! »

lui a--t-on opposé ! Il n’en reste pas moins que la question

« il se passe quoi après Bouteflika ? »

centrale. Et fait peur. reste

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