Un pont entre les générations
En partenariat avec la Fondation du Patrimoine, la commune a lancé une souscription pour financer une partie de la restauration du Pont Bât-Cheval, âgé d’au moins 450 ans. Des travaux de sécurisation et de rénovation estimés à près de 150 000 euros.
Invisible et oublié. Tel était le destin du Pont Bât-Cheval avant que le maire Daniel Corbeau ne se penche sérieusement sur son cas au début de l’année 2015. Ce vestige, dont la datation reste incertaine (au moins 450 ans), est situé au nord de la commune, au milieu des bois, le long d’une boucle équestre référencée. L’édifice, haut de 9 mètres et dont certaines pierres avoisinent les 600 kg, enjambe un ravin où coule la Rubeille, un petit cours d’eau qui se jette dans le Ru Morand, affluent de la Vaucouleurs.
Grâce au soutien clé de la Fondation du Patrimoine, la municipalité vient de lancer une campagne de souscription pour financer les travaux de restauration de ce bijou de l’histoire du Mantois. Le coût a été chiffré à 108 000 euros, assez largement financés par des subventions territoriales. « On a besoin de 15 000 euros de dons, déductibles des impôts, pour boucler l’opération, précise Daniel Corbeau. Il y aura aussi des investissements de 30 000 à 40 000 euros pour la chaussée, la création de déversoirs pour dévier les eaux de pluies et la
sécurisation. Car outre notre volonté de redonner vie à ce patrimoine, nous voulons aussi en faire un lieu de passage. En plus de la boucle équestre, il y aura donc à terme un chemin de randonnée pédestre annexé au GR11, qui permet de relier en liaison douce plusieurs villes et villages jusqu’à Mantes ou vers la vallée de la Vaucouleurs. »
Les recherches du maire et de son épouse aux archives départementales ont permis de
retracer une partie de l’histoire du Pont Bât-Cheval. Il se trouve sur l’itinéraire d’une ancienne voie romaine, devenue ensuite une voie royale reliant la Porte aux Saints de Mantes-la-Jolie à Dreux. Stratégique, la structure se situait à un carrefour menant d’un côté à Dreux, de l’autre à Dammartin-en-Serve, où un marché et deux foires permirent au village de connaître un essor économique important à partir du début du XVIe siècle. On sait aussi que Guillaume de
Morainvilliers, baron de Maule et seigneur de Flacourt, empruntait le pont à la même époque pour aller rendre la justice à Mantes, dont il était bailli et capitaine. « Mais était-ce déjà ce pont-là ou un autre, en bois ? interroge le maire. On ne le sait pas précisément. Ces recherches nous ont en tout cas permis d’avoir des renseignements précieux, grâce à un devis de 1778, sur la conception actuelle du Bât-Cheval. » Grâce à un débroussaillage
des abords du pont et à une fouille minutieuse, quasi archéologique, Daniel Corbeau et des volontaires du village ont ainsi mis au jour les chasseroues (dispositif protégeant les parapets des chocs) et même, sous une épaisse couche de terre, quelques pavés de la route d’origine. « On a également mis à nu des inscriptions, pas toujours très lisibles, dont le nom même du pont. Le devis de 1778 énumérait aussi toute une série de travaux, les derniers
d’importance réalisés probablement. Curieusement, il s’agit des mêmes problématiques qui, aujourd’hui, le mettent en péril et posent des questions de sécurité. »
15 000 euros de dons à trouver Redonner vie au patrimoine « vert »
À la jonction de deux pentes, le pont et ses abords sont soumis à rude épreuve lors de fortes pluies. La rambarde en fer datant de la fin XIXe-début XXe siècle est aujourd’hui complètement détériorée. « Si on ne fait rien, il y a des risques d’éboulements importants et, surtout, un danger pour ceux qui empruntent ce chemin, vtt, quads et agriculteurs notamment, remarque le maire. S’il y a un accident un jour, ça sera de la responsabilité de la municipalité ! »
Daniel Corbeau espère pouvoir entamer les travaux de sécurisation pour l’automne. « Ce sera la première phase. Ensuite, il y aura un long et méticuleux travail pour la restauration, pierre après pierre. »
Pour faire un don : www. fondation-patrimoine. org/43317.