La Vie Querçynoise

Expédition punitive à Figeac pour une dette liée aux stupéfiant­s TRIBUNAL.

- MARC LOUISON

L’affaire a été renvoyée plusieurs fois. Les faits remontent au 7 novembre 2011. Une éternité…

Alors qu’ils avaient entre 18 et 20 ans au moment des faits, les prévenus qui se présentent devant le tribunal de Cahors en ce jeudi 28 septembre ont bien grandi. Ils travaillen­t pour la plupart, certains sont devenus pères…

Une affaire liée au trafic de stupéfiant­s

Cette affaire se déroule dans un contexte particulie­r, à l’époque où le trafic de stupéfiant­s explose sur Figeac.

Le 7 novembre 2011, vers 21 h, une Mercedes noire quitte le centre de Figeac, direction le Cingle Haut sur les hauteurs. À son bord, quatre jeunes hommes entre 18 et 20 ans. Arrivés à destinatio­n, l’un des quatre est menacé. Le conducteur le braque avec un pistolet Gomm Cogne ( qui tire des balles en caoutchouc). Il lui demande s’il préfère la jambe droite ou gauche pour recevoir une balle, puis le vise au visage. Pour encore plus l’effrayer, il lui tire une balle juste à côté de la tête. Puis tout ce petit monde repart.

La victime est ramenée à son domicile. Complèteme­nt traumatisé­e, elle se rend chez sa voisine qui lui dit d’aller voir les gendarmes. Elle s’y rend vers 0 h 30. Le jeune homme, qui baigne dans le trafic de stupéfiant­s, explique que depuis quelque temps on lui réclame la somme de 800 €. On a voulu lui faire peur pour qu’il rembourse. La victime donne des noms et des descriptio­ns très précises. Un certain J. est interpellé. Il conduisait la voiture et a menacé la victime avec l’arme. Il explique avoir agi sur les ordres d’un certain David, qui ne sera jamais retrouvé. Les deux autres passagers, M. et Y., expliquent s’être trouvés dans le véhicule par hasard. Ils ont croisé J. en ville qui a accepté de les reconduire chez eux, à la cité Montviguie­r.

Les enquêteurs vont essayer de savoir qui a commandité cette expédition. Un certain nombre d’indices les orientent vers deux autres jeunes, Me et Mo, qui font l’objet d’une enquête pour trafic de drogue à la même époque (cette affaire a été jugée par le tribunal de Cahors en 2015). Une voisine de la victime, qui connaissai­t la situation, témoigne et confirme les déclaratio­ns de la victime en expliquant avoir vu les cinq prévenus traîner du côté de son immeuble.

Prison préventive

Les cinq prévenus ont tous effectué entre quatre et cinq mois de prison préventive dans le cadre de cette affaire. Trois d’entre eux, M., Y. et Mo, se présentent à la barre. La victime est absente et ne se constitue pas partie civile.

M. et Y., les deux passagers de la voiture, restent sur la même ligne. Ils se sont retrouvés par hasard dans la voiture et ne connaissai­ent pas les intentions de J.. Ils affirment être restés dans la voiture pendant que le conducteur menaçait la victime avec le pistolet. « J’assume. J’ai merdé dans cette affaire. J’aurai dû appeler la gendarmeri­e après les faits » explique M..

Le président du tribunal Vincent Ramette va ensuite essayer de savoir si Mo est le commandita­ire de cette expédition. Il s’appuie sur des écoutes téléphoniq­ues entre Me et Mo qui évoquent cette affaire, sur le témoignage de la victime qui avait expliqué que Mo de Limoges lui réclamait la somme de 800 €, sur une expédition à Auxerre en Mercedes noire pour acheter des armes (J., Me et Mo faisaient partie du voyage)… « Ça fait beaucoup d’indices contre vous. » Mo tient bon, reconnaît qu’à l’époque il était « dans le trafic » et que la victime lui devait 800 € mais qu’il n’est pas derrière cette affaire d’extorsion.

Les peines

Pour Cécile Lasfargues, procureur, « cette extorsion a été préméditée » . « Nous sommes dans un contexte de trafic de stupéfiant­s bien installé. » Pour elle, Mo est bien le commandita­ire et a fourni l’arme. « Présenté six ans après les faits, ce dossier a connu quelques péripéties. Certains des prévenus ont fait des formations, d’autres travaillen­t. Il faut noter qu’ils n’ont plus de condamnati­ons à leur casier depuis quelque temps. » Contre J., « l’acteur principal » , elle requiert la peine d’un an de prison, contre M. et Y. 8 mois de prison, contre Me et Mo un an de prison. Elle précise que toutes ces peines sont aménageabl­es.

Me Christian Calonne, avocat de Y., plaide la relaxe de son client. « Il a eu le malheur d’être au mauvais moment, de monter dans la mauvaise voiture avec les mauvaises personnes. Quand il monte dans la voiture, il ne sait pas ce qu’il va se passer. »

Me Matthieu Gillet ( de Limoges) a l’impression que « tous les feux de la rampe sont » sur son client, Mo. « Il n’y a aucun élément à charge contre mon client. On le soupçonne d’avoir été le commandita­ire. Un soupçon ne fait pas une accusation. » L’avocat demande lui aussi la relaxe de son client.

Me Jean Kopf est venu d’Épinal où vit son client J.. Il ne peut demander la relaxe puisque son client a reconnu les faits. L’avocat pose la question : « Est-ce que ces gamins doivent retourner en prison ? » .

Les prévenus ont été condamnés à des peines allant de 5 à 10 mois de prison.

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