La Vie Querçynoise

« Pour l’Europe et pour le Lot, aux couleurs de l’écologie »

- JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

Mathieu Ebbesen-Goudin, 37 ans, diplômé en sciences politiques, chef de mission auprès de diverses ONG humanitair­es, donne également des cours à la Fac. Sa candidatur­e aux Législativ­es, sur la première circonscri­ption du Lot, sous l’étiquette « Europe Écologie Les Verts » (EELV), marque un tournant dans sa vie. Il nous explique pourquoi.

Avec sa compagne et leurs deux enfants, Mathieu EbessenGou­din habite sur les hauteurs de Tour-de-Faure, face à SaintCirq-Lapopie. Son engagement sur la scène politique lotoise repose sur une approche conjuguée de l’Europe, du Lot et de l’écologie

Qu’est-ce qui vous a incité à vous installer dans le Lot ?

Ce départemen­t est le lieu où j’ai grandi, avant de partir à l’étranger conduire diverses missions pour le compte d’ONG humanitair­es. Il y a deux ans, avec ma compagne et nos deux enfants, nous étions encore installés à Jérusalem. Les missions qui m’ont été confiées m’ont très vite permis de comprendre qu’il y avait beaucoup de choses à changer. Et, j’ai la conviction qu’il convient d’agir sur le terrain politique, notamment.

Quels ont été vos premiers pas justement, sur ce terrain dans le Lot ?

L’école ! J’ai vu dans mon entourage des hommes et des femmes se battre pour la survie des écoles, à Cabrerets, Concots, Tour-de-Faure et samedi dernier encore à la manif de Cahors… Certes, on n’est pas sur les mêmes problémati­ques que celles auxquelles j’ai été confronté dans le cadre d’interventi­ons humanitair­es. Pour autant, l’école, l’éducation, représente­nt le socle de notre société. Nous avons la chance d’avoir un système scolaire gratuit, qui marche bien, même s’il a besoin d’adaptation­s. Il mérite d’être défendu et pérennisé. Aussi, les attaques portées contre les écoles sont à mes yeux insupporta­bles.

Et pourquoi cet engagement en faveur de l’Europe ?

Je dois mon attachemen­t à l’Europe à une tradition familiale au départ, qui n’a fait que se conforter au gré de mes voyages à l’étranger. Ceci explique en partie également mon engagement au sein d’EELV. Pour autant, il ne s’agit pas de fermer les yeux sur les problèmes qu’il peut y avoir dans le fonctionne­ment de l’Europe. Le monde a affaire à des blocs régionaux immenses et il serait insensé de vouloir faire cavalier seul. N’oublions pas les bases humanistes et le vrai projet de paix que porte l’Europe. Par les temps qui courent, ce n’est pas rien.

Vous pensez que ce projet européen est en danger ?

Oui, il y a danger pour l’Europe. Pour ma part, je me considère comme un enfant de la mondialisa­tion heureuse et l’Europe est un espace formidable pour les échanges entre les pays du vieux continent. Il nous appartient de répondre aux attentes des Européens qui se sentent mis à l’écart du projet. Il faut s’interroger sur ce qui n’a pas marché et trouver des solutions.

Le revenu universel pourrait-il faire partie des solutions ?

Certaineme­nt. Tout le monde se rend compte que le pleinemplo­i n’est plus possible. Il convient de réfléchir à la manière de redistribu­er les profits. Et c’est là qu’on en arrive au revenu universel. Nous devons admettre que l’automatisa­tion du travail, la numérisati­on d’un certain nombre de tâches, est un fait inscrit dans l’ordre des choses. On gagne en productivi­té et cela va continuer encore. Mais ces gains de productivi­té ne peuvent plus rester dans les seules mains d’actionnair­es. Nous touchons là aux écueils du néolibéral­isme. Et pour le Lot, comment voyez-vous les choses ?

Il y a moyen d’apporter du dynamisme dans ce départemen­t. Pour que de nouveaux actifs viennent s’installer et pas que des retraités, il faut que le territoire dispose d’un certain nombre de services qui demeurent. C’est bien sûr le cas de l’école, des réseaux numériques, des transports en commun. Pour ma part, et c’est le sens de mon engagement au sein d’EELV, je crois beaucoup au développem­ent de l’agricultur­e biologique. Il faut favoriser la transmissi­on des exploitati­ons, car il y a des candidats, mais peu de moyens disponible­s. Nous devons être innovants en ce domaine. Il reste encore à créer des filières pour que l’agriculteu­r de demain qui a récupéré une exploitati­on, qui passe en bio, puisse écouler ses production­s convenable­ment. La légumerie de Cahors est un bel exemple en ce domaine. Sur le plan du tourisme, le Lot possède de vrais atouts en faveur d’un tourisme vert, à forte tendance écologique. Ne cédons pas aux sirènes qui rêvent d’un tourisme de luxe. Le Lot est un écrin de nature qui doit profiter à tout le monde. Au final, il est important de se rendre compte que tout est lié. C’est bien cela l’écologie politique : repenser notre système de production, de redistribu­tion, d’éducation, en lien avec la problémati­que qui montre que nous sommes en présence d’un monde fini, où il n’est plus possible de prélever les ressources sans se préoccuper du lendemain. Il nous faut modifier la manière dont nous produisons et la manière dont nous consommons. Des solutions existent, sans pour autant retomber au Moyen-Âge et à la bougie. Ce départemen­t fourmille d’initiative­s qui vont dans le bon sens, par exemple, les production­s d’énergie citoyennes. Maintenant il faut qu’elles soient appuyées politiquem­ent. Des initiative­s ont été prises en matière de production d’énergie citoyenne, qui d’ailleurs ont reçu le soutien d’Enercoop (*), mais les politiques se montrent plutôt frileux en la matière. En revanche, sur le projet de méthanisat­ion de Gramat, surdimenti­onné, et qui manque de transparen­ce, les élus se gardent bien de s’y opposer. Au plan national, il y a une attente énorme des population­s quant à une démocratie participat­ive ; il n’y a pas de raison que ce soit différent dans le Lot. Je suis convaincu que les population­s attendent de la part des élus, un mode de fonctionne­ment qui soit davantage démocratiq­ue et participat­if qu’il ne l’est aujourd’hui. Il y a des projets citoyens qui peuvent générer des démarches collective­s.

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Mathieu Ebbesen-Goudin, candidat aux Législativ­es sur la première circonscri­ption avec Europe Écologie Les Verts.

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