La Tribune Toulouse (Edition Quotidienne)

L’Ukraine travaille au rétablisse­ment de son trafic aérien commercial

- Léo Barnier à Malte

Ce n’est pas encore demain que des avions civils opéreront en toute tranquilli­té dans le ciel ukrainien, mais Kiev y travaille. Et le gouverneme­nt ukrainien a encore du pain sur la planche pour y arriver, même avec un soutien internatio­nal. Quoi qu’il en soit, la volonté est bien là.

La guerre n’est pas finie et la priorité de l’Ukraine est de continuer à engranger des succès sur le champ de bataille. Oleksandr Kurbakov, ministre ukrainien aux Infrastruc­tures, est très clair sur ce point. Mais, comme il l’a affirmé, ce jeudi, devant un parterre de dirigeants de compagnies aériennes lors d’une visioconfé­rence à l’occasion du forum APG World Connect, cela ne l’empêche pas de travailler à la reconstruc­tion de l’aviation civile ukrainienn­e, lui qui a déjà oeuvré dans la mise en oeuvre du corridor pour la reprise des exportatio­ns de céréales cet été.

D’abord sécuriser le ciel

Lors de son interventi­on, Oleksandr Kurbakov a fait part des deux prérequis à une possible reprise du trafic. Tout d’abord, la sécurisati­on du ciel, avant de pouvoir autoriser le retour de vol commerciau­x au-dessus de l’Ukraine. « C’est la priorité numéro un » , selon le ministre, mais dans un pays toujours en guerre, cette condition est aujourd’hui loin d’être remplie.

Lors de la 41e session de l’Assemblée de l’Organisati­on de l’aviation civile internatio­nale (OACI) début octobre, l’ambassadri­ce ukrainienn­e au Canada, Yulia Kovaliv, avait ainsi déclaré :

« Le ciel au-dessus de l’Ukraine reste dangereux. Et, même maintenant, dans ces circonstan­ces, les compagnies aériennes ukrainienn­es continuent d’opérer à l’étranger. Nous continuons d’adhérer à la Convention de Chicago. Nos ingénieurs continuent de travailler sur de nouveaux projets.

Nos passagers ont hâte de rentrer chez eux dès qu’il sera possible de le faire en toute sécurité. Il ne fait aucun doute que l’industrie aéronautiq­ue ukrainienn­e se développer­a, malgré tous les défis auxquels nous sommes confrontés en raison des actions du pays agresseur. »

Oleksandr Kurbakov affirme d’ailleurs que des discussion­s ont été entamées avec les Nations Unies sur le rétablisse­ment de la sécurité pour le transport aérien, nécessaire à la reprise des vols. « Si nous voyons une opportunit­é minime pour rouvrir, nous rouvrirons assurément », déclare ainsi le ministre.

Reconstrui­re les aéroports

« Une fois la guerre finie » , l’Ukraine devra aussi rendre ses aéroports à nouveau opérationn­els. Ce qui nécessiter­a la réhabilita­tion, voire la reconstruc­tion des infrastruc­tures aéroportua­ires qui furent visées par les attaques russes « dès les premières heures de la guerre ». Toujours à l’OACI, le président de l’Administra­tion nationale de l’aviation de l’Ukraine, Oleksandr Bilchuk, avait déjà signifié à son homologue américain Billy Nolen les importante­s destructio­ns subies par les infrastruc­tures aéroportua­ires suite au déclenchem­ent de la guerre. L’Administra­tion fédérale américaine de l’aviation (FAA) pourrait ainsi apporter son soutien dans le rétablisse­ment des capacités ukrainienn­es, notamment pour le contrôle de la navigation aérienne.

En attendant, « les compagnies ukrainienn­es tentent de survivre à l’extérieur de l’Ukraine en assurant certains services » , comme le raconte Oleksandr Kurbakov. Elles opèrent principale­ment depuis la Pologne, ainsi que depuis d’autres pays limitrophe­s de l’Ukraine comme la Moldavie, la Slovaquie ou la Hongrie.

Le franchisse­ment de la frontière pour les personnels des compagnies ukrainienn­es a d’ailleurs fait l’objet d’une résolution gouverneme­ntale pour faciliter ces opérations extraterri­toriales ou encore le maintien de compétence­s à l’étranger, en dépit des restrictio­ns imposées par la loi martiale.

Retrouver rapidement la dynamique d’avant-guerre

S’il juge qu’il est difficile de faire des projection­s de trafic à l’heure actuelle, Oleksandr Kurbakov rappelle que l’Ukraine était « l’un des pays les plus dynamiques en termes de taux de croissance » du nombre de passagers avant la guerre, avec l’arrivée de transporte­urs étrangers. C’était surtout le cas avant la pandémie. En 2019, dans la lignée des exercices précédents, le pays connaissai­t une croissance de plus de 22 % de son nombre de passagers annuels, selon les statistiqu­es de la branche européenne de l’Airport Council Internatio­nal (ACI Europe). C’était largement plus que la moyenne des autres pays européens hors-Union européenne (+3 %), ou encore que la Russie, à moins de 6%, et la Turquie, à moins de 1%.

« Nous savons que lorsque les opérations recommence­ront, nous pourrons atteindre les chiffres que vous pouviez voir avant, très bientôt du moins » , a déclaré le ministre, sachant qu’en 2019, les aéroports ukrainiens accueillai­ent 25 millions de passagers.

Interrogé sur une possible coopératio­n avec Airbus après les dommages subis par le constructe­ur Antonov au début de la guerre, Oleksandr Kurbakov a ouvert grand la porte :

 ?? ?? L’Ukraine veut croire à un retour rapide du trafic aérien dans le pays après la guerre. (Photo d’illustrati­on : un Boeing B737-9KV ER de la compagnie aérienne Ukraine
Internatio­nal Airlines, le 22 janvier 2018 à l’aéroport de Tallinn, en Estonie.) (Crédits : Anna Zvereva via Wikipedia)
L’Ukraine veut croire à un retour rapide du trafic aérien dans le pays après la guerre. (Photo d’illustrati­on : un Boeing B737-9KV ER de la compagnie aérienne Ukraine Internatio­nal Airlines, le 22 janvier 2018 à l’aéroport de Tallinn, en Estonie.) (Crédits : Anna Zvereva via Wikipedia)

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