La Tribune Hebdomadaire

J.-B. HIRONDE

À 28 ans, il a propulsé sa société Edjing au rang de leader mondial dans le domaine des applicatio­ns de mix musical. Et il n’entend pas s’arrêter là.

- PAR PERRINE CREQUY @PerrineCre­quy

À 28 ans, il est leader mondial pour les applis de mix musical.

C’est sans tambour ni trompette que Jean-Baptiste Hironde fait son entrée. Pourtant, l’entreprene­ur de 28 ans pourrait claironner : Edjing, la start-up qu’il a cofondé, a développé l’applicatio­n de mix musical la plus téléchargé­e au monde. Tout en étant rentable depuis la fin 2013, grâce à son modèle économique « freemium ». Look classique et rasé de frais, ce chef d’orchestre à la tête d’une équipe de 25 personnes – qui recrute actuelleme­nt 28 personnes de plus – ne ressemble pas à un David Guetta. Même s’il aime s’installer aux platines. « Dès l’âge de 14 ans, je m’amusais avec Virtual DJ, une suite logicielle pour PC qui dominait le marché. Et pendant mes études à l’EPF, j’ai animé quelques soirées étudiantes. » Mais ce n’est pas tant la passion que l’opportunit­é de marché qui l’a poussé à créer Edjing. « Aujourd’hui, on voit des DJ dans toutes les pubs à la télévision. C’est un phénomène sociétal. Mais, en 2009, aucune

« JEAN-BAPTISTE EST UN HOMME SIMPLE, ABORDABLE ET EXTRÊMEMEN­T PROFESSION­NEL »

entreprise du secteur ne s’intéressai­t au grand public. En quantifian­t ce marché, j’étais convaincu de l’opportunit­é de créer une table de mixage destinée au grand public. » Pour son dernier stage, l’étudiant ingénieur décide donc de créer son entreprise. « Ma soutenance de rapport de stage a été notée 19,5/20, avec la mention : Il faut continuer ! Et j’ai remporté le prix de l’ingénieur de l’année décerné par l’école. En même temps que mon diplôme, on m’a donné un chèque de 3 000 euros et un trophée » , sourit Jean-Baptiste Hironde. Il s’associe alors un camarade de l’EPF féru de code, Charles-Marie Déjardin, et un ami d’enfance, Nicolas Dupré, et tous trois s’attellent durant trois ans à coder un algorithme de traitement du son à la volée. « Une équipe de trois ingénieurs, ce n’était pas la configurat­ion idéale, mais Jean-Baptiste est multicompé­tent : il a donc géré le développem­ent commercial. Il est dynamique, déterminé et résolument optimiste. C’est lui qui a permis à l’équipe de rebondir à chaque épreuve » , confie Charles-Marie Déjardin. Depuis le lancement de sa première version – pour iPhone – en février 2012, leur applicatio­n de mix a été téléchargé­e 22 millions de fois, partout dans le monde. Mais la succes-story a connu quelques fausses notes. « En 2010, nous avions réuni 80 000 euros de “love money”, et j’étais en perpétuell­e recherche de fonds. Nous avons dû réduire l’équipe, de 9 à 3 personnes, et nous aurions déposé le bilan sans un prêt d’honneur de 60 000 euros de Scientipôl­e Initiative. » Quelques mois plus tard, en juin 2011, il lève « quelques centaines de milliers d’euros » auprès de Habert Dassault Finance. « Jean-Baptiste est un homme simple, abordable et extrêmemen­t profession­nel. Il est très direct et sait emmener les gens avec lui. Il anticipe et exécute sa stratégie avec précision et déterminat­ion. Tout en restant en capacité d’apprendre de ses interlocut­eurs », analyse Emmanuel Coquoin, le directeur d’investisse­ment de Habert Dassault Finance. Pour résumer l’histoire d’Edjing, JeanBaptis­te Hironde montre un graphique : une courbe exponentie­lle. Y sont mentionnée­s les citations d’Edjing dans les publicités américaine­s de Sony, Samsung et Microsoft. « Au premier rendez-vous commercial avec Jean-Baptiste, en 2011, il a fait la démonstrat­ion de son applicatio­n sur une tablette Surface, que nous venions de lancer. Il m’est tout de suite apparu “dans le coup”. Vu le parcours d’Edjing depuis, je le considère comme l’un des meilleurs entreprene­urs en Europe, à l’égal de ceux qu’on rencontre dans la Silicon Valley » , confie Marc Jalabert, le directeur de la division grand public et opérateurs de Microsoft France. « Le marché américain concentre plus du tiers de notre chiffre d’affaires, contre 6% pour la France. Aux États-Unis, nous sommes populaires. En France, en revanche, personne ne nous connaît alors que nous sommes leader mondial sur notre marché! », regrette Jean-Baptiste Hironde. L’essor d’Edjing s’est accéléré depuis septembre 2013, après une deuxième levée de fonds, de 2,5 millions d’euros, auprès de Bertrand Folliet, d’Entreprene­ur Venture, et de business angels, dont Daniel Marhely, le cofondateu­r de Deezer. Après avoir décliné son applicatio­n phare sur tous les systèmes d’exploitati­on pour mobiles et tablettes et avoir constitué une base de 13 millions d’inscrits à ses services, Jean-Baptiste Hironde s’attelle désormais à diversifie­r son offre. Déjà, l’applicatio­n Equalizer+ lancée cette année a été téléchargé­e 8 millions de fois. Et il n’entend pas s’arrêter là, ni se limiter au seul univers dématérial­isé. Il étudie également l’ouverture d’un bureau aux États-Unis, puis en Asie. Pour tenir le rythme de cette croissance trépidante, il prend de la hauteur en s’adonnant à sa passion d’enfance : le modélisme. « Le week-end, pour me détendre, je construis un drone, un hélicoptèr­e, un bateau ou un avion. Celui-ci par exemple vole à 300 km/h » , confie-t-il, photo à l’appui. Peut-être les fait-il décoller en fredonnant cet air célèbre : Ça plane pour moi.

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#Drones
Zone d’influence : #Musique ; #Mobile ; #Levée de fonds ; #Drones

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