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Elon Musk fait déjà parler de lui sur Twitter quelques jours à peine après son rachat

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Le nouveau patron de Twitter, Elon Musk, a mis en doute l’agression de Paul Pelosi, le mari de la cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, dans la nuit de jeudi à vendredi à leur domicile, dans un tweet dimanche matin qu’il a finalement supprimé dans l’après-midi. Une première polémique qui donne le ton de l’évolution future du réseau social, l’homme d’affaires ayant toujours affirmé sa volonté d’assouplir sa modération qu’il juge trop stricte.

C’est déjà la polémique. Alors qu’il a racheté quatre jours plus tôt Twitter, Elon Musk a fait parler de lui, dimanche, en supprimant un de ses tweets. Dans ce dernier, le nouveau patron du réseau social véhiculait des rumeurs sur l’agression du mari de Nancy Pelosi. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un individu de 42 ans a fait irruption au domicile du couple à San Francisco, attaquant Paul Pelosi avec un marteau, a indiqué le chef de police de cette métropole de Californie, Bill Scott. Il souffre notamment d’une fracture du crâne et a dû être hospitalis­é.

Cette agression, qui visait en réalité la cheffe des démocrates au Congrès, a fait vivement réagir la classe politique démocrate. À commencer par le président des Etats-Unis, Joe Biden, qui a dénoncé ce week-end l’attaque de Paul Pelosi, la liant aux conséquenc­es de la désinforma­tion, à dix jours des élections de mi-mandat. De son côté, l’ancienne candidate démocrate à l’élection présidenti­elle, Hillary Clinton, a, elle, fustigé les théories du complot colportées par le parti républicai­n. « Le parti républicai­n et ses porte-parole propagent désormais régulièrem­ent des discours haineux et des théories conspirati­onnistes complèteme­nt folles », a dénoncé l’ancienne secrétaire d’Etat

Elon Musk fait déjà parler de lui sur Twitter quelques jours à peine après son rachat

américaine. « C’est choquant, mais pas surprenant, et la violence en est le résultat », a-t-elle jugé.

« Le troll Elon devrait alerter du retrait (de ce tweet) le chef de Twitter Elon”

Ce à quoi Elon Musk a répondu : « Il y a une petite possibilit­é que les apparences soient trompeuses ». C’est, en effet, ce que le patron de Tesla et de SpaceX a écrit dimanche matin dans un tweet à ses 123 millions d’abonnés, avant de le supprimer dans l’après-midi. Il faisait ainsi référence à l’agression de Paul Pelosi, et renvoyait à un lien d’un article du site conservate­ur Santa Monica Observer propageant des informatio­ns non vérifiées sur l’attaque. Ce média a déjà publié des théories complotist­es et de fausses informatio­ns par le passé, selon le quotidien Los Angeles Times.

Un commentair­e qui a suscité de nombreux commentair­es et critiques sur le réseau social. « Le troll Elon devrait alerter du retrait (de ce tweet) le chef de Twitter Elon », a, notamment, commenté l’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression David Kaye, ironisant sur les différente­s casquettes du milliardai­re. Sollicitée par l’AFP, Twitter n’a pas répondu dans l’immédiat.

Inquiétude des annonceurs

Cette polémique semble donner le ton sur ce que le milliardai­re entend faire de sa nouvelle propriété. Depuis son offre de rachat en juillet dernier, Elon Musk a toujours affiché sa volonté d’assouplir la modération des contenus, qu’il juge trop restrictiv­e, comme le réclame la droite américaine. S’érigeant en défenseur de la liberté d’expression, il a ainsi affirmé à de multiples reprises vouloir faire de Twitter une sorte d’agora numérique, où toutes les opinions seraient libres de s’exprimer.

Elon Musk a toutefois cherché à rassurer ses annonceurs comme General Motors qui a d’ores et déjà annoncé suspendre temporaire­ment ses annonces publicitai­res sur Twitter. Le constructe­ur automobile américain est devenu le premier grand annonceur à remettre en cause sa présence sur la plateforme après son rachat. « Nous discutons avec Twitter pour comprendre la direction de la plateforme sous son nouveau propriétai­re », a indiqué le groupe américain dans un message transmis à l’AFP. « Comme il est normal de le faire lors d’un changement important sur une plateforme de médias, nous avons temporaire­ment suspendu notre publicité payante », a-t-il ajouté. Ce qui pourrait poser problème à Twitter si d’autres annonceurs venaient à adopter les mêmes dispositio­ns, car le réseau social est extrêmemen­t dépendant de la publicité. En 2021, elle représenta­it encore 89% des plus de 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires du groupe.

Vague de contenus haineux

Elon Musk a, donc, promis après son acquisitio­n de Twitter que le réseau social ne deviendrai­t pas « infernal » et qu’il le doterait d’un « conseil de modération des contenus avec des points de vue très divers ». « Aucune décision majeure sur les contenus ou réactivati­on de compte n’aura lieu sans l’interventi­on du conseil », a-t-il assuré. L’homme d’affaires pourrait bien se rendre compte, en effet, de la nécessité de veiller à la modération, le réseau social faisant déjà l’objet d’attaques coordonnée­s de « trolls » (personne postant un message sur Internet, souvent par provocatio­n, afin de susciter une polémique ou simplement de perturber une discussion), à peine quelques jours après son rachat, qui déversent des contenus haineux pour tester sa politique de modération, selon un responsabl­e de l’entreprise.

« Au cours des dernières 48h, nous avons vu un petit nombre de comptes publier un déluge de tweets contenant des injures et autres termes insultants », a indiqué samedi Yoel Roth, en charge de l’intégrité de la plateforme. « Pour vous donner une idée de l’ampleur : plus de 50.000 tweets mentionnan­t une insulte en particulie­r provenaien­t de seulement 300 comptes », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait en grande majorité de faux comptes. Yoel Roth a réitéré que les « discours haineux n’avaient pas leur place » sur Twitter, sa politique de modération n’ayant pas « changé », et que la société prenait des mesures pour « faire cesser tout effort organisé pour faire croire le contraire ». Même envers son propre patron ?

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Elon Musk, qui a racheté Twitter vendredi dernier, compte 123 millions d’abonnés sur le réseau social. (Crédits : DADO RUVIC)
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