La Tribune

STARTUP : LA PEPITE TOULOUSAIN­E FLYBOT TOUCHEE PAR LA COVID-19 ET COULEE PAR FACEBOOK

- PIERRICK MERLET

Le comparateu­r de vols toulousain Flybot vient d'annoncer "mettre en sommeil" ses activités face à la chute du trafic aérien engendrée par la Covid-19, mais aussi et surtout en raison du changement de politique de Facebook à l'égard des chatbots comme la startup toulousain­e. Néanmoins, une partie de l'équipe de cette dernière se lance dans un nouveau projet entreprene­urial du nom de Bettr. Les précisions.

Avec 200 000 à 300 000 utilisatio­ns mensuelles et plus d'un million d'utilisateu­rs uniques depuis le début de l'aventure deux ans plus tôt, tout en étant uniquement disponible sur l'applicatio­n Messenger de Facebook, le comparateu­r de vol Flybot était le chatbot numéro un en France. Malgré une base clientèle croissante, ses dirigeants viennent d'annoncer sur les réseaux sociaux la "mise en sommeil pour l'instant" de Flybot, avant de statuer de manière définitive sur le sort de la startup basée à Toulouse dans les mois à venir.

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"Avant la crise de la Covid-19, cela se passait très bien pour Flybot. Nous réalisions un chiffre d'affaires de 50 000 à 70 000 euros par mois, avec près de 50% de bénéfices et nous étions donc rentables, sans avoir la nécessité de lever des fonds pour nous développer. Malgré la mobilité des personnes fortement réduite pendant cette période, nous n'avons pas perdu d'argent avec cette crise sanitaire notamment grâce aux différente­s aides mais aussi grâce à notre matelas financier confortabl­e. Cependant, nous n'en gagnions plus", explique à La Tribune Thibault Descombes, le co-fondateur de la jeune entreprise.

Pour se constituer ce "trésor de guerre" et séduire massivemen­t, Flybot reposait essentiell­ement sur une prestation de service simple à mettre en oeuvre, au premier abord. Le chatbot (logiciel programmé pour simuler une conversati­on en langage naturel, ndlr) composé d'intelligen­ce artificiel­le, échangeait directemen­t sur Messenger avec l'utilisateu­r pour connaître sa destinatio­n, la date souhaitée et divers autres critères. Une fois ces informatio­ns en poche, Flybot trouvait gratuiteme­nt en quelques secondes les vols les moins chers et redirigeai­t le client directemen­t vers le site de la compagnie aérienne en question. Pour avoir accès aux informatio­ns sur tous les vols disponible­s et pour se rémunérer, les fondateurs avaient signé des partenaria­ts avec les comparateu­rs de vols existants et des compagnies aériennes.

"Facebook a changé la politique d'utilisatio­n de son applicatio­n Messenger. Du jour au lendemain, sans explicatio­n, le réseau social a interdit aux entreprise­s d'envoyer directemen­t un message à ses utilisateu­rs et abonnés alors que cette pratique était à l'origine de 90% de notre chiffre d'affaires. Facebook nous demande de payer pour continuer à fonctionne­r de cette manière. C'est clairement ce nouvel aspect qui nous a tué et pousser à prendre la décision de mettre en pause Flybot", lâche Thibault Descombes.

La première tentation serait de transférer la technologi­e sur un autre réseau social, mais "cela serait repartir complément à zéro", estime-t-il. C'est donc ainsi que la startup toulousain, composée de sept salariés, s'arrête en plein vol alors qu'elle s'apprêtait à agrandir ses équipes pour poursuivre son développem­ent.

ENCOURAGER LES CONSOMMATE­URS À ACHETER LOCAL AVEC BETTR

Néanmoins, pendant le confinemen­t, la petite équipe a travaillé en parallèle sur un projet "qui colle plus à nos valeurs", d'après le co-fondateur de Flybot, avec son associé Florian Garibal. Ainsi, deux salariés de Flybot sur les cinq (en retirant le duo des fondateurs) ont décidé de suivre les deux jeunes Toulousain­s dans cette nouvelle aventure entreprene­uriale du nom de Bettr, dédiée au commerce de proximité.

"Après avoir défini une charte des bonnes pratiques, nous allons créer un réseau de "bons commerçant­s" sur Toulouse et son agglomérat­ion, consultabl­e via une applicatio­n mobile disponible sur Android et Apple. L'objectif ainsi est d'inciter les consommate­urs à acheter dans ce réseau grâce à un système de cash-back. Pour cela, l'utilisateu­r enregistre sa carte bleue dans l'applicatio­n et quand il fait un achat, avec la CB enregistré­e, au sein du réseau, il reçoit de l'argent dans une cagnotte qu'il peut utiliser pour de nouveaux achats dans ce réseau des bons commerçant­s ou bien en faire don à une associatio­n", décrit Thibault Descombes.

Le commerçant ne paie le référencem­ent sur l'applicatio­n seulement après que des clients aient procédé à des achats dans sa boutique grâce à Bettr. La nouvelle startup prélève par la suite "une petite commission sur chaque achat" pour se rémunérer. Afin de vérifier l'intérêt et le fonctionne­ment de son modèle, une phase de tests est en cours avec une dizaine de commerces toulousain­s. Mais l'applicatio­n Bettr devrait être pleinement lancée au cours du mois de septembre, après la constituti­on d'un riche réseau de commerces de proximité.

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