COMMENT LE STADE TOULOUSAIN PREPARE SA REPRISE ECONOMIQUE
Plongée dans l'incertitude en raison de l'arrêt de toutes les compétitions, le Stade Toulousain doit néanmoins se préparer économiquement pour la saison 2020-2021 à venir. Si, déjà, il a prévu une baisse des salaires des joueurs et souscrit un PGE de cinq millions d'euros, le club de rugby professionnel ne peut écarter l'éventualité d'une baisse des recettes billetterie et sponsoring. Décryptage et précisions avec Didier Lacroix, son président.
"Je n'imagine pas le Stade Toulousain disparaître de la carte uniquement pour des raisons économiques", déclarait-il à La Tribune, au plus fort de la tempête sanitaire, le 26 mars dernier. Le président du Stade Toulousain, Didier Lacroix, a donc dû s'employer pour éviter un tel scénario et c'est en ce sens que le club de rugby professionnel a récemment annoncé un accord avec l'effectif pour une baisse maximale de leur rémunération de 15% sur la saison 2020-2021, en cas de reprise normale des compétitions en septembre.
"C'est une baisse des coûts inévitable (...) S'ils n'avaient pas fait cet effort collectif, nous aurions été obligés de nous séparer de certains (...) Mais je ne rentrerai pas dans les détails de cet accord avec les joueurs et le staff, qui ont accepté un accompagnement de l'économie du club et qui pourra évoluer selon les hypothèses vues avec eux. J'espère qu'ils auront le moins d'efforts possible à faire", a tenu à déclarer le patron du club toulousain lors d'une conférence de presse, mercredi 3 juin.
Mais dans un contexte où le Stade Toulousain n'avait plus aucune entrée d'argent, en raison de l'arrêt des matchs et la fermeture de la billetterie et des boutiques, c'est bien quasiment l'ensemble du personnel de la structure (150 personnes) qui a dû contribuer à cet effort en étant placé au chômage partiel ces dernières semaines.
DÉTERMINER L'ATTERRISSAGE DE LA SAISON 2019-2020
Néanmoins, un nouvel horizon se dresse devant le club champion de France de rugby en titre, au chiffre d'affaires annuel moyen de 35 millions d'euros. Le confinement étant désormais levé, une partie des activités du club a ainsi pu reprendre. Les boutiques (physiques) sont rouvertes, tout comme la billetterie, le restaurant Ernest a de nouveau accueilli des gourmets depuis le 4 juin et la Brasserie doit reprendre du service le 15. De plus, l'arrêt définitif du championnat de France de rugby, le Top 14, vient d'être prononcé par la Ligue Nationale de Rugby (LNR). Tout cela va permettre au Stade Toulousain de faire les comptes.
"Avec ces données, nous pouvons désormais construire l'atterrissage financier de la saison 2019-2020. Nous allons nous présenter devant nos abonnés et partenaires, qui n'ont pas eu l'intégralité des matchs promis et payés et leur faire des propositions. La première option est que 50% de la somme qui peut être remboursée va à notre fonds de dotation qui finance la formation et nos actions caritatives, et le reste au club, par solidarité. Seconde option, l'abonné ou le partenaire peut laisser l'intégralité au club et se voir accorder une réduction de 10% sur l'abonnement de la saison prochaine, ou enfin, demander un remboursement comme le permet la loi. J'espère que les abonnés et partenaires solidaires seront nombreux", a présenté Didier Lacroix, devant les médias.
Malgré des propos prudents, le président des Rouges et Noirs sait que le peuple toulousain sera au rendez-vous pour soutenir l'un des symboles de la Ville rose, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, aucun spectateur du quart de finale de Coupe d'Europe contre Ulster (Irlande), reporté, n'a demandé de remboursement, et Didier Lacroix a profité de ce rendez-vous médiatique pour annoncer sa tenue éventuelle le 20 septembre, au Stadium de Toulouse, à guichets fermés. "Il y a un très fort engouement autour de ce match. La question que l'on m'a le plus posé pendant ces dernières semaines est 'quand allons-nous jouer ce match ?'", dit-il avec fierté.
De plus, le club a lancé un "Mur de soutien", afin de faire des dons à lui et à son fonds de dotation qui apparaîtront sous forme de briques au stade Ernest-Wallon. En quelques jours, pas moins de 12 000 briques ont été acquises pour un montant moyen de 60 euros (soit un total de plus de 700 000 euros). Malgré cette générosité, le Stade Toulousain a été dans l'obligation de souscrire un Prêt garanti par l'État (PGE) d'environ cinq millions d'euros pour boucler les comptes de la saison inachevée et préparer au mieux ceux de la prochaine.
Lire aussi : PGE : "On finance des crédits qui ne seront pas remboursés" (A. Condaminas)
UNE BAISSE DES RECETTES DE PARTENARIAT LA SAISON PROCHAINE ?
Car plusieurs interrogations entourent le budget de la saison 2020-2021. Tout d'abord, comment vont se comporter les partenaires du club ? Si son principal équipementier, Nike, vient de renouveler leur collaboration jusqu'en 2025 et que Serge Blanco devient l'habilleur officiel du club, comment vont agir les autres partenaires ? Question identique pour les abonnés et supporters. Même si le club promet de ne pas encaisser les abonnements de la saison prochaine tant qu'il n'est pas possible de recevoir du public dans le stade, vont-ils être au rendez-vous en cette période exceptionnellement incertaine ?
"La LNR nous impose de construire un budget 2020-2021 avec une baisse des recettes billetterie et partenariat, mais notre rôle est de faire en sorte que cela ne soit pas le cas. Seulement, le budget prévisionnel 20-21 est différent aujourd'hui de ce qu'il était le 15 mai et de ce qu'il sera en juillet. Nous connaîtrons au mieux la réalité du budget de la saison 2020-2021 à la fin du mois de septembre", prévient Didier Lacroix.
À condition également de pouvoir faire revenir normalement du public dans les stades dès le même mois. Sans le retour du public et des recettes de billetterie associées, "notre économie ne peut pas tourner à huis clos, il sera impossible de vivre alors sans aide de l'État. Si rien n'est mis en oeuvre en cas de huit clos imposé, ça sera la fin", lâche-t-il.
Lire aussi : Fiducial, déficit, naming, nouveau stade... Didier Lacroix se confie