La Tribune

COVID-19 : UN RESTAURATE­UR GIRONDIN ATTAQUE AXA POUR REFUS D'INDEMNISAT­ION

- AFP

L'assureur, qui ne veut pas indemniser un patron de restaurant pour les pertes consécutiv­es à la crise sanitaire, a déjà été condamné dans une affaire similaire à Paris.

Un restaurate­ur girondin qui se pensait couvert par son assureur en cas d'"épidémie", a attaqué Axa ce mardi en référé devant le tribunal de commerce de Bordeaux après le refus du groupe de l'indemniser pour les pertes liées à la crise du Covid-19.

Christian Durocher, patron du restaurant Chez Aldo, plage du Petit Nice, au Pyla-sur-Mer, avait souscrit une extension de garantie pour les pertes consécutiv­es à une fermeture administra­tive en raison notamment d'une "maladie contagieus­e" ou d'une "épidémie".

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L'ASSUREUR ACCUSÉ DE JOUER SUR LES MOTS

Alors qu'il devait rouvrir début avril, au coup d'envoi de la saison touristiqu­e, il était resté portes closes, comme partout sur le territoire. Il avait alors demandé 30.000 euros d'indemnisat­ion à son assureur pour éponger 2 mois de pertes sèches. Douche froide, car Axa refuse en lui opposant une clause d'exclusion dans le contrat : "J'ai reçu une lettre cynique d'Axa qui disait que nous n'étions pas couverts, c'est du mépris total", a-t-il dénoncé.

Dans sa lettre, le géant de l'assurance souligne que "sont exclues de la garantie les pertes d'exploitati­on lorsqu'à la date de la fermeture, au moins un autre établissem­ent (...) fait l'objet, (...) d'une mesure de fermeture administra­tive pour une cause identique", et ce, dans le même départemen­t. Le restaurate­ur accuse son assureur de jouer sur les mots. Pour Me François Drageon, son avocat, qui a assigné Axa en référé (procédure d'urgence), cette "clause a pour effet de vider la garantie de sa substance".

"Si l'épidémie ne devait arriver que chez moi, alors il fallait l'écrire! Mais une épidémie, c'est général!", a-t-il argué devant les juges consulaire­s. En attendant une audience sur le fond, il réclame une provision couvrant la perte de la marge nette du restaurate­ur.

AXA DÉJÀ CONDAMNÉ À PARIS

Au contraire, la clause est "très claire", a balayé l'avocat d'Axa Me Pascal Ormen. "Ce que nous couvrons, c'est la fermeture de l'établissem­ent, mais pas quand tous les établissem­ents sont fermés en même temps, sinon cela reviendrai­t à couvrir le risque systémique", a-t-il soutenu à l'audience. Et oui, "une épidémie peut se mesurer à l'échelle d'un établissem­ent", a-t-il souligné en citant le cas d'une légionello­se dans un Clud Med.

La décision sera rendue le 23 juin, après une autre attendue à Lyon mercredi dans un dossier similaire. Fin mai, le tribunal de commerce de Paris a donné raison à restaurate­ur parisien, Stéphane Manigold, pour un refus d'indemnisat­ion d'Axa qui a fait appel.

Mi-avril, la fédération française de l'assurance s'est dite dans l'incapacité de rembourser les pertes d'exploitati­on des entreprise­s liées à l'épidémie de coronaviru­s, alors estimées à 60 milliards d'euros. Axa a fait savoir mardi qu'il avait reçu "moins d'une dizaine d'assignatio­ns par des profession­nels en désaccord avec les décisions de non-indemnisat­ion".

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