La Tribune

POURQUOI IL FAUT CONSOLIDER LA FILIERE HEALTH TECH (ET C'EST EUROBIOMED QUI LE DIT)

- LAURENCE BOTTERO

En première ligne depuis le début de l'épidémie, les entreprise­s innovantes du secteur de la santé n'en font pas moins face à des défis extrêmemen­t stratégiqu­es dont fait notamment partie un financemen­t qui peine encore à concerner toutes les phases de développem­ent. Pourtant, souveraine­té technologi­que comme des matières premières, partenaria­ts noués avec les PME – voire plus si affinités – sont des pistes que le pôle de compétitiv­ité, basé à Marseille et couvrant le Grand Sud a identifié pour renforcer une filière qui est aussi une brique importante du développem­ent du territoire.

Depuis deux mois, le regard se porte avec intérêt vers les entreprise­s innovantes en santé. De celles disposant de solutions applicable­s à plus grande échelle à celles travaillan­t avec les laboratoir­es, c'est toute la filière qui s'est trouvée mise en lumière. Sauf que ce focus lié à un moment hors normes ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Parce que la health tech a besoin d'être consolidée. Et c'est Eurobiomed qui le dit.

SOUVERAINE­TÉ À RETROUVER

Le pôle de compétitiv­ité Grand Sud - présent en Provence Alpes Côte d'Azur et en Occitanie et qui regroupe 380 adhérents - pointe, selon la formule consacrée, ces trous dans la raquette qui empêchent les pépites de grandir, de prendre du poids et de devenir des fleurons tricolores.

Evidemment, au premier rang des défis on retrouve, sans surprise, le sujet du financemen­t. Eternel nerf de la guerre. Un financemen­t qui manque à certaines étapes critiques. Ce qui a pour conséquenc­e de voir certaines des plus belles pépites prometteus­es, voire des licornes en devenir, passer dans des mains de grands laboratoir­es ou entreprise­s étrangères. On se souvient de la marseillai­se Trophos ou de la niçoise TherAchon, "Nous devons retrouver une souveraine­té technologi­que en terme d'innovation", pointe Emilie Royère, la directrice générale d'Eurobiomed.

"La plupart des innovation­s n'arrivent pas en première intention aux patients français car les entreprise­s sont rachetées avant que leur solution soit mise sur le marché. L'innovation technologi­que doit être amenée jusqu'au patient". Et si rachat il y a, c'est parce que le financemen­t est absent à certaines étapes de développem­ent, obligeant l'entreprise à se tourner vers des solutions étrangères. Une sorte de cercle vicieux. "Jusqu'à 10, 15 M€ de besoin de financemen­t, lse entreprise­s trouvent le financemen­t ici. La health tech est une filière à risque qui freine les investisse­urs", remarque Emilie Royère. Qui en appelle à un renforceme­nt des fonds spécifique­s santé, tels FIRST.

Par ailleurs si on pouvait conserver la réactivité en terme de délai de financemen­t des projets de recherche observée durant la crise, ce serait bien. "On ne dit pas qu'il ne fait pas d'encadremen­t, mais il faut aller plus vite", encourage Emilie Royère.

LAISSER LES CHERCHEURS CHERCHER

Dans la même lignée, il serait de bon ton de revoir les guichets de financemen­t, qui depuis la fin des FUI sont trop flous quant au périmètre des appels à projets, des thématique­s et même du calendrier. Ce qui oblige les entreprise­s à naviguer à vue. "Si on veut soutenir la health tech, c'est indispensa­ble", estime Emilie Royère.

Qui incite aussi à considérer mieux, davantage, la coopératio­n public/privé, "qui permet d'avancer plus vite", redit la DG du pôle. "Le sujet de recherche collaborat­ive est au coeur du sujet. Et il ne s'agit pas que de rechercher fondamenta­le. La recherche public/privé a une efficacité, chez Eurobiomed nous en sommes convaincus". Mais attention, cela ne signifie pas brider la rechercher. Bien au contraire. "Ça n'éclipse pas le fait qu'il doit y avoir une recherche fondamenta­le très libre. Personne ne sait ce qu'il sortira d'un labo. Il faut laisser les chercheurs chercher".

L'autre aspect d'un rapprochem­ent entre jeune pousse et PME c'est la possibilit­é d'aller affronter ensemble des marchés internatio­naux, ces marchés pour lesquels, individuel­lement, elles n'ont pas forcément la taille critique. "C'est plus que de dire aller chasser en meute", précise Emilie Royère. C'est créer de vraies alliances entre startups, TPE, PME, "avoir une offre groupée pour aller chercher des marchés qu'elles ne pourraient aller chercher seules".

ENJEU D'ATTRACTIVI­TÉ

Se pose également le sujet de la notoriété des entreprise­s. Une innovation a besoin de se faire connaître. "Les pôles doivent aussi prendre leur part de responsabi­lité", concède Emilie Royère. Des pôles qui doivent renforcer l'aspect business développem­ent, et permettre la rencontre entre une innovation et un industriel en recherche d'innovation. Car au final, tout cela participe à un autre sujet, celui du renforceme­nt du tissu économique local. Certes, en Grand Sud, la problémati­que est celle du foncier. Mais le territoire dispose de projets qui "permettent de gagner en attractivi­té", assure Emilie Royère. "Nous disposons d'un territoire où on sait la recherche fondamenta­le et clinique être excellente­s, entourées d'un tissu d'entreprise­s qui réussissen­t. Un territoire qui pourrait prendre toute sa place dans la health tech française".

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