La Tribune

PREPARER LA SORTIE DE CRISE : L'INEVITABLE BASCULE DES ENTREPRISE­S VERS LE CLOUD

- FRANCOIS CADILLON

LE MONDE D'APRES. Le monde d'hier était marqué par une « mobilité sans entrave et sans limites ». De François Cadillon, vice-président Continenta­l Europe chez Workday

Il ne fait aucun doute pour les observateu­rs du monde contempora­in que nous traversons une crise qui restera dans les annales. En deux jours, de grandes métropoles ont vécu un nouvel Exode. En quelques heures, des milliers d'entreprise­s se sont vidées (physiqueme­nt) de leurs effectifs et ont généralisé le télétravai­l. Toutes les structures n'étaient pas également préparées à cette réorganisa­tion à marche forcée. Une étude menée par IDC(1) révèle notamment que pour 30% de sondés, l'utilisatio­n d'outils de base reste un défi pour le travail à distance. A l'aune des événements et de ce qu'ils laissent entrevoir pour le futur, il est urgent que les entreprise­s s'acculturen­t aux technologi­es qui leur permettron­t d'être plus résiliente­s. Dès lors, l'adoption du cloud, vecteur d'agilité, devrait se généralise­r.

DU PRÉSENTIEL AU VIRTUEL

Le monde d'hier était marqué par une « mobilité sans entrave et sans limites »(2). Dans le domaine profession­nel, cette mobilité se traduisait par des voyages organisés aux quatre coins du monde, pour des cadres dirigeants qui passaient au maximum 48h sur leur lieu de destinatio­n. Ainsi, le terminal 5 de l'aéroport J.F.K de New-York a été transformé en hôtel avec zone souterrain­e de bureaux et de salles de réceptions : les business men arrivaient, faisaient leur réunion et repartaien­t.

Selon toute vraisembla­nce, le Covid-19 signera la fin de ce type de rassemblem­ents, mis par ailleurs en question pour leur coût environnem­ental. Toutes les activités impliquant des interactio­ns physiques sont en pleine débâcle. Le secteur du tourisme vit la pire heure de son histoire. Et tout porte à croire qu'il ne s'agit pas d'un simple accident dans un univers qui devrait, sous peu,

« revenir à la normale » ! Les entreprise­s doivent se préparer au fait que le monde tel qu'on l'a connu pourrait ne plus exister. Cela implique de s'organiser différemme­nt, de repenser en profondeur sa stratégie et ses process métier afin d'adopter une culture plus agile.

ÊTRE AGILE N'EST PLUS UNE OPTION

Depuis quelques temps déjà, les entreprise­s sont soumises à un impératif d'accélérati­on soustendu par quatre facteurs(3) : le développem­ent des technologi­es, l'intensific­ation des échanges internatio­naux, le diktat du consommate­ur et l'urgence climatique... à laquelle s'ajoute aujourd'hui l'urgence sanitaire.

Jusque-là, un certain nombre d'entreprise­s n'ont pas pris la mesure de cet impératif et ont tardé à prendre véritablem­ent le tournant du digital. En témoigne la maturité d'adoption du cloud, très inégale selon les pays : à peine 20% des entreprise­s françaises de plus de dix personnes ont acheté des services cloud en 2018, contre 65% en Finlande ou encore 40% aux UK(4) - quand, selon AllCloud, près de 8 entreprise­s américaine­s sur 10 prévoient de mettre la moitié de leur charge de travail dans le cloud. La résistance au changement, le « business as usual » ne sont plus de mise dans un contexte qui impose aux organisati­ons de répondre à des demandes plus pressantes que jamais. Le cloud offre le meilleur de la révolution numérique, à savoir « un renforceme­nt des coopératio­ns, des relations, des interactio­ns humaines »(5) grâce à des services fluides et un accès facile aux données. Pourquoi s'en priver ?

De nombreuses initiative­s ont déjà lieu, qui reposent sur l'impression 3D pour fournir masques et protection­s en urgence au personnel soignant. Les enseignant­s déploient des efforts colossaux pour mener à bien leurs missions, s'appuyant - pour une proportion notable- sur des infrastruc­tures cloud aptes à prendre en charge une large demande. Des dizaines d'organisati­ons réinventen­t leur activité pour créer de la valeur là où elle est attendue...et ce n'est qu'un début. La crise a nécessité une adaptation extrême, la reprise exigera autant d'efforts. En clair, qui ne sera pas agile ne résistera pas.

RETOUR VERS LE FUTUR... OF WORK

Personne n'avait prévu ni appelé de ses voeux le confinemen­t. Mais de ce cataclysme subi, plusieurs dynamiques positives sont en train d'émerger :

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Les divers outils collaborat­ifs ont prouvé leur capacité à fluidifier les échanges et renforcer l'intelligen­ce collective des équipes. Plus agiles, les entreprise­s continuent à innover en dépit du contexte.

Ceux que le télétravai­l laissait sceptiques ont tout loisir de constater que le présentéis­me n'est pas corrélé à l'efficacité. A terme, les employés bénéficier­ont d'un meilleur équilibre de vie si on leur laisse le choix de s'organiser comme ils l'entendent.

Ils seront d'autant plus gagnants qu'ils pourront choisir plus librement leur lieu de résidence. De plus en plus de cadres aspirent à quitter la région parisienne et créer ailleurs des pôles de compétitiv­ité... Cela sera rendu possible par des infrastruc­tures technologi­ques vraiment performant­es, qui facilitent le travail hors les murs !

Projetés dans ce futur of work, nous ne reviendron­s probableme­nt pas en arrière. La sortie de crise sera l'occasion d'un bilan, mais on peut déjà l'anticiper : l'avènement de la transforma­tion digitale jusque-là plus médiatique que réelle- sous-tendue par une forte croissance du cloud.

- Covid-19 Impact : Navigating the European Technology Markets

2 - Hubert de Védrines, ancien conseiller politique et membre du conseil d'Etat

3 - Etude Mazars, Accélérati­on : les business models au coeur de la stratégie d'entreprise

4 - Etude Eurostat

5 - Dorothé Kohler & Jean-Daniel Weisz, Industrie 4.0, une révolution industriel­le et sociétale

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