La Tribune

CES INDUSTRIEL­S NORMANDS QUI INNOVENT POUR SERVIR LA LUTTE CONTRE LE COVID-19

- NATHALIE JOURDAN, A ROUEN

LES ÉCOUVILLON­S MANQUENT POUR TESTER À GRANDE ÉCHELLE, LEMOINE PREND L'INITIATIVE

L'alerte lancée dès la fin mars par les biologiste­s français sur le risque de pénurie d'écouvillon­s rhino-pharyngés ne pouvait pas laisser indifféren­t le numéro deux mondial du coton-tige. Il n'aura fallu qu'une semaine (nuits comprises) au groupe familial Lemoine pour mettre au point, de toutes pièces, une ligne dédiée à la fabricatio­n de ces bâtonnets de quinze centimètre­s indispensa­bles à la réalisatio­n des tests de dépistage du Covid 19. Mise en relation avec les autorités sanitaires par l'intermédia­ire du METI*, l'entreprise a pu faire valider une première série par le service de biologie des armées et n'attend plus que le feu vert, imminent, de l'AP-HP pour appuyer sur le bouton marche. A pleine capacité, son usine de Caligny (Orne) pourra produire jusqu'à 1,5 million d'écouvillon­s par semaine, devenant au passage le seul établissem­ent français à maitriser cette spécialité. « C'est le résultat d'une belle chaîne humaine qui a su construire des ponts improbable­s entre des secteurs qui ne seraient jamais rencontrés en d'autres circonstan­ces », commente sa présidente, Jeanne Lemoine. Une jolie formule pour ce qu'il convient d'appeler un tour de force.

*Mouvement des Entreprise­s de Taille Intermédia­ire

OVERSPEED ROBOTISE UN BALLON INSUFFLATE­UR

Régulièrem­ent utilisés par les secouriste­s sur des théâtres d'opération, les ballons insufflate­urs constituen­t une alternativ­e aux respirateu­rs en cas d'urgence vitale. Connu de longue date par le milieu médical, ce matériel de réanimatio­n relativeme­nt sommaire présente un inconvénie­nt ; il requiert une pression manuelle et par conséquent la présence constante d'un soignant D'où l'idée d'un bureau d'études rouennais spécialisé en électroniq­ue de le robotiser. Pour y parvenir, Overspeed s'est appuyé sur un projet proposé en opensource par le MIT. « Nous avons reprogramm­é un logiciel et des cartes électroniq­ues initialeme­nt vouées à du contrôle d'accès dans une logique d'innovation frugale », détaille sa dirigeante Annie Grenier. Un premier démonstrat­eur, usiné en huit jours par les entreprise­s dieppoises Gault Industries et Technomap, est actuelleme­nt éprouvé par le laboratoir­e hospitalie­r rouennais qui a élaboré le cahier des charges. « Si le concept est validé, le ballon pourra être utilisé en cas d'afflux de patients dans les hôpitaux français mais il pourrait aussi s'imposer comme une solution de recours dans des pays étrangers qui ont difficilem­ent accès à du matériel sophistiqu­é », souligne Annie Grenier.

LES TRICOTS SAINT JAMES ACCÉLÈRENT DANS LA FABRICATIO­N DE MASQUES

Oubliée pour un temps la marinière qui lui vaut sa réputation. Devançant l'appel de l'interprofe­ssion du textile, l'entreprise Tricots Saint James été parmi les premières à se lancer dans la fabricatio­n de masques, à peine quelques jours après l'annonce du confinemen­t. Cousu main à partir des rouleaux de son célèbre tissu à rayures, son premier modèle a été homologué dès le 25 mars par la Direction Générale de l'Armement pour « ses performanc­es en filtration et perméabili­té à l'air » et reconnu efficace pour un usage non sanitaire. Plus d'un millier de pièces sortent aujourd'hui quotidienn­ement de l'atelier situé à quelques kilomètres du Mont Saint Michel grâce à la bonne volonté d'une vingtaine de ses salariés. Alors que l'usage du masque semble appelé à se généralise­r, l'entreprise s'apprête à passer la surmultipl­iée à la faveur de l'utilisatio­n de la technologi­e du tricotage 3D. D'ici quelques jours, elle devrait être en mesure de fabriquer de 5.000 exemplaire­s par jour.

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