La Tribune

FORD AQUITAINE INDUSTRIES : LES CONDITIONS DE LA REVITALISA­TION VALIDEES HIER A LA PREFECTURE

- JEAN-PHILIPPE DEJEAN

Le dossier de Ford Aquitaine Industries, à Blanquefor­t (Gironde/Bordeaux Métropole), entre dans une nouvelle phase qui sera celle de la revitalisa­tion du site. L'ultime réunion sur le protocole d'accord organisant la suite de l'activité de l'usine Ford Aquitaine Industries s'est tenue hier à la préfecture de la Gironde, pendant que la CGT manifestai­t à l'extérieur.

Le protocole d'accord sur la revitalisa­tion du site industriel de Ford Aquitaine Industries (FAI), en lieu et place de l'usine qui va être rasée, a été entériné - après avoir été avalisé par les collectivi­tés concernées - ce lundi 21 octobre à la préfecture de la Gironde à Bordeaux. Lors d'un comité de suivi auxquels ont participé, en plus de la préfète Fabienne Buccio, des représenta­nts de la direction de Ford Aquitaine Industries, des syndicats (CGT, CFTC, CFE-CGC) et les élus concernés : Benoit Simian, député de la Gironde, Patrick Bobet, président de Bordeaux Métropole, Christine Bost, 1e vice-présidente du Conseil départemen­tal de la Gironde, et Francis Wilsius, conseiller régional représenta­nt le président de Région Alain Rousset.

Cet ultime feu vert valide les conditions de la cessation de toute activité de Ford sur le site. Ce qui n'empêche pas que l'action menée en justice par la CGT de FAI contre cette fermeture ne soit pas encore épuisée, puisque le syndicat veut se pourvoir en cassation. L'apport par Ford d'une enveloppe de 18 M€ pour la reconversi­on du site, ramenée à 14 M€ en contrepart­ie de la cession aux collectivi­tés des 13 hectares du terrain dit des circuits, est validé. De même que le plan général concernant la démolition des bâtiments de l'usine, la dépollutio­n du site et sa remise en état. Le tout devant être achevé d'ici fin 2024.

SUPPRESSIO­NS D'EMPLOIS : UN IMPACT INDUIT ASSEZ

FLOU

Validée aussi, la cession par Ford de certaines des machines de l'usine au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, pour la formation des apprentis. Sachant que le constructe­ur automobile en a rapatrié certaines cet été à son siège social européen de Cologne. Dans le protocole encore, élus des collectivi­tés concernées et services de l'Etat s'engagent à n'intenter aucune action juridique contre Ford. Si Bordeaux Métropole conserve le droit de préempter des terrains de l'ancienne usine, qui restent la propriété de Ford, le constructe­ur automobile américain pourra ne pas vendre s'il juge la somme proposée insuffisan­te. Enfin d'ici le 31 octobre doit être signée la convention qui va exclusivem­ent porter sur la revitalisa­tion du site.

L'impact sur l'économie locale de la fermeture de l'usine et de la suppressio­n de 849 emplois (dont 826 en Gironde) est un peu flou. Selon les calculs présentés, qui reposent sur l'addition des pertes de revenus, les pertes fiscales et salariales, cette fermeture génèrerait la suppressio­n induite de 686 à 909 équivalent­s emplois. Sachant que ce calcul ne retient que les 601 salariés de FAI qui ont été licenciés et ne comptabili­se pas notamment les 248 départs en préretrait­e. La CGT, qui présente un compte rendu de la réunion, évoque le ratio d'un emploi de Ford supprimé pour 1,71 emploi induit perdu avancé selon les normes de l'Insee (Institut national de la statistiqu­e et des études économique­s), mais d'un emploi Ford perdu pour 2,23 induits perdus selon le cabinet Géris. Au final un total de 1.300 emplois perdus à été retenu, soit 601 licenciés de chez FAI, 55 emplois affectés chez les fournisseu­rs de FAI, auxquels s'ajoutent 686 emplois induits perdus. Assez loin des 2.106 emplois perdus selon la méthode de calcul de l'Insee (1.450 + 601 + 55) et des 2.547 selon Géris (1.891 + 601 + 55).

LES ÉLUS ESTIMENT QUE FORD A JOUÉ LE JEU

Jean-Luc Gassies, représenta­nt la CFTC de FAI, voit dans cette fermeture une catastroph­e sociale et espère que l'argent laissé par Ford sera bien utilisé. Tout en faisant savoir que 14 à 18 M€ c'est peu par rapport à l'activité de FAI et aux investisse­ment réalisés ailleurs par le groupe américain. La CGT estime que le calcul présenté est très sous-évalué, d'abord parce que la centrale estime que, depuis le retour de Ford à Blanquefor­t en 2011, près de 1.000 emplois directs ont été perdus. Ensuite parce que la centrale juge que compter 601 emplois perdus ne correspond pas à la réalité. Un sentiment de sous-évaluation qui trouve écho chez les représenta­nts du Départemen­t, Christine Bost, et de la Région, Francis Wilsius.

Pour autant, les élus tombent tous d'accord pour dire que globalemen­t Ford "a donné aux collectivi­tés plus qu'il n'a reçu". Ancien ouvrier de FAI, figure de proue du combat contre la fermeture de 2008-2009, Francis Wilsius souligne qu'il regrette l'arrêt de l'activité. Il déplore en particulie­r que la loi Florange n'aille pas aussi loin qu'elle le devrait en obligeant non seulement les grosses entreprise­s qui veulent fermer un site à trouver un repreneur -comme maintenant- mais aussi à s'engager dans la poursuite d'activité. Comme Patrick Bobet il se montre toutefois optimiste et croit en l'objectif régional de recréer 1.500 emplois sur le site. Pour finir, la préfète Fabienne Buccio précise que ce dossier Ford Aquitaine Industries n'est pas encore refermé. La signature du protocole va en effet précéder l'activation de la convention de revitalisa­tion qui va décider de l'utilisatio­n des fonds laissés par Ford. De nouvelles réunions auront bientôt lieu dans ce cadre. Avec par exemple le projet de consacrer 8,7 M€ à la création de 2.100 emplois. Fabienne Buccio laisse également entendre que tant qu'il y aura des salariés sans emploi Ford pourrait avoir des comptes à rendre.

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